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La commission du renseignement du Sénat américain s’est prononcée jeudi en faveur d’une déclassification d’une partie de son rapport sur les méthodes les plus brutales d’interrogatoires de la CIA. Des pratiques assimilées à de la torture.

Les méthodes utilisées par la CIA lors de ses interrogatoires musclés sous la présidence de George W. Bush seront peut-être bientôt rendues publiques. Les membres de la commission du renseignement du Sénat américain ont fait un premier pas en ce sens, jeudi 3 avril, en votant, par 11 voix pour et 3 voix contre, en faveur de la déclassification partielle d’un document de 6 300 pages détaillant la violences de certains interrogatoires de la CIA entre le 11 septembre 2001 et l’arrivée de Barack Obama au pouvoir en 2009.

Ce rapport contient nombre d’informations accusant l’agence de renseignement américaine d'avoir dissimulé certains détails ses pratiques, assimilées à de la torture par leurs détracteurs.

Le vote de jeudi autorise la présidente de la commission, la puissante sénatrice démocrate Dianne Feinstein, à transmettre les 400 pages de résumé du rapport, ainsi que ses conclusions et ses recommandations, à la Maison Blanche. Si Barack Obama donne son feu vert, comme attendu, les agences du renseignement s'engageront dans un processus de correction du document, où elles pourront pointer ce qui doit, à leurs yeux, rester secret.

Dianne Feinstein a dit espérer que ces corrections seront "aussi peu nombreuses que possible" et a précisé que le processus prendrait au moins un mois.

Elle a répété qu'il était important de rendre publics ces programmes d'interrogatoire de la CIA qui "font tâche dans notre histoire". "Cette nation reconnaît ses erreurs, aussi douloureuses puissent-elles être", a-t-elle ajouté.

Guerre ouverte entre la CIA et le Sénat

Le sénateur républicain Saxby Chambliss a rapporté qu'il s'était d'abord opposé à l'enquête sénatoriale avant de voter en faveur de la déclassification afin que les Américains puissent juger par eux-mêmes.

"Nous avons besoin que tout cela soit derrière nous", a-t-il déclaré à des journalistes.

Ce rapport est à l'origine d'une guerre ouverte entre la CIA et le Sénat. L'agence d'espionnage est accusée d'avoir entravé le travail des assistants parlementaires qui ont travaillé pendant plus de trois ans à la rédaction de ce rapport, notamment en supprimant des documents de leurs serveurs.

Des responsables américains s'étaient fait l'écho fin mars, auprès du Washington Post, du contenu de ce texte. La CIA aurait ainsi exagéré l'importance de certains complots et de prisonniers détenus dans ses prisons secrètes, et aurait caché que certains renseignements déterminants auraient, en réalité, été lâchés par les détenus avant qu'ils ne soient soumis aux techniques brutales des agents américains.

Ce vote est un "premier pas important", s'est félicité mercredi l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, qui aurait cependant préféré que tout le rapport soit déclassifié.

Avec AFP