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Le procès de Francis Heaulme devait durer quatre semaines, mais au lendemain de son ouverture, la cour d'assises de Moselle a ordonné mardi le "renvoi de l'affaire à une session ultérieure".

L’accusé Francis Heaulme, qui comparaissait depuis lundi, n’a été interrogé en tout et pour tout que quelques minutes, dans ce procès pour le meurtre de deux enfants en 1986 à Montigny-lès-Metz. Dans son arrêt, la cour d'assises de Moselle "ordonne le renvoi de l'affaire à une session ultérieure", estimant qu'il "pourrait exister des charges contre une autre personne" que le tueur en série.

Sa décision est conforme aux réquisitions de l'avocat général Jean-Marie Beney, qui a estimé que ce dossier n'était plus en état d'être jugé après l'audition mardi d'un nouveau témoin : Henri Leclaire. Ce manutentionnaire, aujourd'hui âgé de 65 ans, avait d'abord avoué avoir commis le double meurtre, en 1986 lors de sa garde à vue, avant de se rétracter. Les enquêtes avaient mis cet homme hors de cause et il avait bénéficié d'un non-lieu en 2013. Il figure, avec Patrick Dils, condamné à deux reprises avant d’être définitivement acquitté en 2002, après 15 ans passés derrière les barreaux, sur la liste des quelque 80 témoins appelés à la barre. Mais de nouveaux témoignages ont récemment été ajoutés au dossier, qui accréditent la présence d’Henri Leclaire sur la scène de crime, ce 28 septembre 1986.

"Indices graves et concordants" contre Henri Leclaire

Mardi matin, Marie-Christine Blindauer, clerc d'avocat, a raconté à la barre avoir recueilli les confidences d’Henri Leclaire. En 2012, ce dernier lui aurait dit s’en être "pris aux enfants" le jour des faits, d’avoir "attrapé" et "agrippé" Alexandre Beckrich et Cyril Beining, sans toutefois tuer les garçonnets, retrouvés dans la soirée, massacrés à coups de pierre. Ce témoignage "constitue un élément que la chambre d'instruction n'avait pas", et qui contient "des indices graves et concordants" contre Henri Leclaire, a relevé Jean-Marie Beney. "Je considère que le dossier n'est plus en état d'être jugé", a-t-il ajouté, estimant que le renvoi constituait "la seule voie procédurale possible".

Aux parties civiles, le président Gabriel Steffanus a fait part de son "regret de ne pas pouvoir mener les débats jusqu'à leur terme. L'entière vérité est à ce prix, au prix de ces souffrances infligées. Je dis ma détermination afin que la justice passe enfin", a-t-il ajouté.

Avec AFP