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Alors que s'ouvre officiellement dimanche la campagne électorale pour la présidentielle algérienne, le président sortant Abdelaziz Bouteflika a répété que ses ennuis de santé ne l’empêcheraient pas de briguer un nouveau mandat.

"Il m’en coûterait beaucoup de rester sourd à vos appels". Alors que la campagne électorale démarre, dimanche 23 mars, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a affirmé que ses ennuis de santé ne l'empêchaient pas de briguer un 4e mandat au scrutin du 17 avril.

Fait inédit : le favori ne devrait pas participer en personne à la campagne électorale, vu son état de santé. Ce sera Abdelmalek Sellal, son ancien Premier ministre devenu son directeur de campagne, qui donne le coup d'envoi des 22 jours de campagne en se rendant à Tamanrasset, fief des Touareg dans le Sahara.

Depuis l'annonce de sa candidature le 22 février, les manifestations de rue se sont multipliées contre un nouveau quinquennat de Bouteflika – qui est donné favori à l’élection. Et la colère ne semble pas retombée : dimanche, le site internet du chef de l'État a été piraté, selon un message de sa direction de la communication publié sur sa page Facebook.

Face à la contestation, le président algérien a adressé samedi soir une lettre aux Algériens, reproduite par l'agence APS, dans laquelle il défend sa candidature. "Les difficultés liées à ma santé ne semblent pas me disqualifier à vos yeux ou plaider en faveur de ma décharge des lourdes responsabilités qui ont eu raison d'une bonne partie de mes capacités", a-t-il déclaré.

S'il est réélu, Abdelaziz Bouteflika dit vouloir lancer des réformes destinées à créer un modèle politique avec différents segments de la société qui "répondront aux attentes et aux espoirs du peuple".

Partir "dignement"

Au pouvoir depuis 15 ans, le président sortant, 77 ans, apparaît considérablement amoindri par les suites d'un AVC en avril 2013 qui avait nécessité son hospitalisation à Paris. Il s'était finalement exprimé publiquement lors du dépôt de son dossier le 3 mars au Conseil constitutionnel. Il avait alors, d'une voix à peine audible, annoncé sa candidature pour un nouveau quinquennat sous le slogan "Notre serment pour l'Algérie".

Le 17 avril, il affrontera cinq adversaires mais son principal challenger sera son ancien homme de confiance qui fut aussi son rival à la présidentielle de 2004, Ali Benflis, 69 ans. Cet ex-patron du Front de libération nationale (FLN, au pouvoir) se présente comme "indépendant".

Quatre autres candidats vont de nouveau tenter sans grande chance de remporter la magistrature suprême : Louisa Hanoune qui dirige le Parti des Travailleurs (gauche), le président du Front national algérien (nationaliste), Moussa Touati, et le chef d'un parti nationaliste, Ahd (Serment) 54, Ali Fawzi Rebaïne. Enfin le dernier et plus jeune candidat est Abdelaziz Belaid, 50 ans, un ancien du FLN qui a fondé en 2012 le Front El Moustakbel.

La perspective d'un nouveau mandat pour Bouteflika a également provoqué une polémique au sein de la hiérarchie militaire, le général à la retraite Hocine Benhadid l'ayant appelé en février à partir "dignement", au nom de plusieurs collègues.

Il s'en est pris particulièrement au frère du président, Saïd Bouteflika, "premier et principal acteur" du clan, ainsi qu'à un autre de ses membres, le chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, accusé de n'avoir "aucune crédibilité".

AFP