Dès l'annonce de la signature par Vladimir Poutine d'un traité rattachant la Crimée à la Russie, les dirigeants occidentaux ont vivement dénoncé la politique de Moscou et ont brandi la menace de nouvelles sanctions.
À l’issue d’un discours au Kremlin, mardi 18 mars, devant les ambassadeurs russes et les deux chambres du Parlement russe, le président russe Vladimir Poutine a signé un traité rattachant la Crimée à la Russie. Si la décision doit encore être validée dans les prochains jours par le Parlement russe, les grands pays occidentaux et l'Ukraine ont fermement condamné le choix de Moscou et menacé de renforcer l'isolement international de la Russie par des sanctions supplémentaires.
Joe Biden, le vice-président américain, a qualifié l'action de la Russie en Crimée de "confiscation de territoire". "L'isolement politique et économique de la Russie ne peut qu'augmenter si elle poursuit dans la même voie, et elle verra en fait de nouvelles sanctions de la part des États-Unis et de l'UE", a-t-il assuré. Soucieux de rassurer les alliés de Washington préoccupés par l'intervention russe en Crimée, il a, en outre, annoncé que les États-Unis envisageaient d'envoyer des troupes participer à des manœuvres militaires dans les États baltes.
Le président des États-Unis, Barack Obama, a invité les dirigeants du G7 et de l'Union européenne à se réunir la semaine prochaine à La Haye afin d'examiner les "décisions que le G7 pourrait prendre pour répondre à l'évolution de la situation et soutenir l'Ukraine".
François Hollande a quant à lui "condamné" la décision de Vladimir Poutine et souligné que "la France ne reconnaît ni les résultats du référendum tenu en Crimée le 16 mars dernier, ni le rattachement de cette région d'Ukraine à la Russie". Pour le président français, "le prochain Conseil européen, les 20 et 21 mars prochains, doit fournir l'occasion d'une réponse européenne forte et coordonnée à la nouvelle étape qui vient d'être franchie".
La chancelière allemande Angela Merkel a jugé que l'intégration de la Crimée était "contraire au droit international". Mais pour elle, "parallèlement aux sanctions prises, nous allons privilégier le dialogue, nous allons privilégier la discussion". Elle a dit souhaiter "une évolution positive en Ukraine en particulier pour la préparation de l'élection" présidentielle anticipée du 25 mai.
Depuis Kiev, le président ukrainien Olexandre Tourtchinov a affirmé que "l'Ukraine et le monde entier ne reconnaîtront jamais l'annexion du territoire ukrainien". "C'est une décision dangereuse qui n'a aucune conséquence juridique. C'est une provocation dangereuse pour l'Europe et le monde", a-t-il ajouté. Le ministre ukrainien de la Justice, Pavlo Petrenko, a précisé que l'Ukraine se réserve le droit de saisir des biens de la Russie si celle-ci approuve la "nationalisation" des propriétés de l'Etat ukrainien en Crimée.
Mardi, dans son discours, Vladimir Poutine avait dénoncé l'attitude des Occidentaux depuis le début de la crise ukrainienne. "Les Occidentaux ont franchi la ligne rouge et se sont comportés de manière irresponsable", a affirmé le président russe en se livrant à une dénonciation en règle des Occidentaux, accusés de faire preuve de "cynisme", d'agir selon "le droit du plus fort" et "d'ignorer le droit international".