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Italie : et si Venise redevenait une République ?

Les habitants de la Vénétie sont appelés cette semaine à se prononcer sur l'indépendance de leur région lors d'un vote en ligne. Le résultat de ce scrutin, sans valeur légal, pourrait influencer la tenue d'un futur référendum.

Le monde entier avait les yeux tournés, dimanche 16 mars, vers la péninsule ukrainienne de Crimée où les habitants se sont déclarés en faveur du rattachement à la Russie lors d’un référendum. Le même jour en Italie, de façon bien plus confidentielle, la population de la Vénétie a elle aussi été invitée à se prononcer sur son avenir territorial. Jusqu’au vendredi 21 mars, les 3,8 millions de Vénétiens en âge de voter peuvent s’exprimer sur l'indépendance de leur région via une consultation en ligne sur un site spécialement créé pour l’occasion Plebiscito.Eu.

Les résultats de ce scrutin virtuel n’auront aucune conséquence juridique ni politique, mais ils pourraient légitimer l’organisation d’un référendum officiel. "S’il y a une majorité de oui,  nous avons des juristes qui prépareront une déclaration d’indépendance et nous avons aussi des hommes d’affaires de la région qui ont déjà déclaré qu’ils commenceront à payer les taxes aux autorités locales plutôt qu’à Rome", a ainsi expliqué au journal britannique "The Telegraph", Lodovico Pizzati le porte-parole de ce mouvement.

Selon ces indépendantistes, la population de Vénétie est exaspérée de devoir reverser une grande partie de sa richesse au niveau national. Ils affirment que la région paye plus de 70 milliards d’euros d’impôts à Rome, soit 20 milliards de plus que ce qu’elle reçoit en retour en investissement et en service. "Si nous étions indépendants, nous serions le 7e État européen le plus riche en terme de PIB par habitant", a assuré l’organisateur du scrutin  Gianluca Busato au quotidien "The Scotman", particulièrement intéressé par cette question à quelques mois du référendum sur l'indépendance de l'Écosse, prévu le 18 septembre.

Sur le modèle de l’Écosse et de la Catalogne

Les derniers sondages montrent que les Vénétiens sont de plus en plus sensibles à ce sujet. Alors qu’en décembre 2011, ils étaient 50% à se déclarer en faveur de l’indépendance, ils seraient désormais plus de 60% à vouloir voter oui. Le gouverneur de la région Luca Zaia, du parti de la Ligue du Nord, partage lui-même ces aspirations et assure qu’une éventuelle sécession respecterait le droit international. Comme il l’a affirmé à l’AFP, la population ne va pas manquer de suivre les mouvements indépendantistes en Écosse et en Catalogne : "Si Barcelone obtient l'indépendance, la Vénétie pourrait adopter la même méthode pour l'obtenir. Nous avons frappé poliment à la porte du fédéralisme, mais elle ne s'est pas ouverte. Maintenant on va casser la porte".

Pour mieux faire passer leurs idées, les organisateurs de la consultation en ligne joue sur la fibre nostalgique. Ils rappellent que Venise fut l’une des premières Républiques modernes en 697. Elle perdit son indépendance en 1797 avec l’arrivée des troupes napoléoniennes et fut rattachée à l’Italie qu’en 1866. "Ni l'histoire de la République de Venise ni la langue vénitienne ne sont plus enseignées dans les écoles. L'État a effacé notre identité. Nous voulons un vote pour l’indépendance, pas uniquement pour des raisons économiques mais aussi pour protéger et faire revivre notre culture", a affirmé à l’AFP Nicola Gardin, le responsable du Parti de l’indépendance de la Vénétie qui soutient ce référendum. En plus de ce vote symbolique, une grande manifestation pour l’indépendance est prévue dimanche 23 mars à Padoue, une ville au cœur de la Vénétie, à 40 kilomètres de Venise.