logo

Naypyidaw réclame de Médecins sans frontières (MSF) qu'ils cessent toute activité dans le pays. Cette décision intervient après que l'ONG a apporté, dans l'État Rakhine, de l'aide à des membres de la minorité musulmane des Rohingyas.

La Birmanie a ordonné à Médecins sans frontières (MSF) de "cesser toute activité dans le pays", a annoncé, vendredi 28 février, l'ONG dans un communiqué. "MSF est profondément choqué par cette décision unilatérale et extrêmement inquiet concernant le sort de dizaines de milliers de patients dont nous nous occupons actuellement à travers le pays", a indiqué l'organisation.

Depuis mercredi, MSF avait déjà arrêté de travailler dans l'État Rakhine en raison de l'expiration de sa licence opérationnelle, a indiqué à l'AFP un responsable birman. "C'est une suspension temporaire pour le moment. Ils pourraient reprendre leur travail", a-t-il ajouté, niant tout lien avec les récentes manifestations contre l'organisation.

MSF fournit des soins de santé primaires dans plusieurs zones isolées proches de la frontière avec le Bangladesh, peuplée majoritairement de membres de la minorité musulmane apatride des Rohingyas.

Pressions

L'organisation a été récemment soumise à des pressions grandissantes après avoir dit avoir traité des blessés dans une de ses cliniques situées près du site d'un supposé massacre de Rohingyas démenti par le gouvernement. Le groupe, lauréat du prix Nobel de la paix en 1999, serait en cours de renégociation avec le gouvernement birman du protocole d'accord qui couvre toutes ses opérations dans le pays.

L'ambassade américaine à Rangoun a de son côté appelé à un accès sans restriction de l'aide humanitaire. "Les États-Unis encouragent [la Birmanie] à continuer à travailler avec la communauté internationale pour fournir de l'aide humanitaire aux communautés dans le besoin et à assurer un accès sans entraves des agences humanitaires, en accord avec les normes internationales, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Un accès libre, régulier et ouvert est nécessaire pour assurer que les bénéfices des activités humanitaires parviennent à tous en État Rakhine."

La situation reste très tendue en État Rakhine depuis deux vagues de violences entre Rohingyas et bouddhistes de la minorité rakhine qui avaient fait en 2012 plus de 200 morts et 140 000 déplacés, en majorité des musulmans. L'ONU avait indiqué en janvier avoir des "informations crédibles" concernant de nouvelles attaques contre des Rohingyas qui auraient fait des dizaines de morts, hommes, femmes et enfants.

Quelque 800 000 Rohingyas, considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète, vivent dans cette région à la frontière avec le Bangladesh.

MSF est le premier fournisseur de traitements contre le sida en Birmanie, avec plus de 30 000 patients dans tout le pays. Le groupe a également des programmes de traitement de la tuberculose et du paludisme.

Avec AFP