
François Hollande a officialisé vendredi au Mont-Valérien, en banlieue parisienne, le transfert au Panthéon en 2015 des cendres de quatre figures illustres de la Seconde Guerre mondiale, deux femmes et deux hommes, en hommage à la Résistance.
Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay feront leur entrée sous la Coupole du Panthéon. François Hollande a officialisé, vendredi 21 février, le transfert des cendres de ces quatre figures illustres de la Seconde Guerre mondiale à l'occasion d'un hommage à la Résistance. Pour son annonce, le président se trouvait au Mont-Valérien, lieu de mémoire de la France combattante. Entre le 1er janvier 1941 et le 15 juin 1944, 1007 hommes, résistants et otages, y furent suppliciés.
Germaine Tillion, ethnologue engagée
Au terme de mon parcours je me rends compte combien l'homme est fragile et malléable. Rien n'est jamais acquis. Notre devoir de vigilance doit être absolu. Le mal peut revenir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d'empêcher le pire.
Germaine Tillion dans le "Nouvel Observateur" (2007)
En France, au moment de l’armistice de 1940, son premier acte de résistance est de donner les papiers de sa famille à une famille juive, qui sera ainsi protégée jusqu'à la fin de la guerre. En 1943, elle est déportée dans le camp de Ravensbrück, en même temps que sa mère qui n'en est pas revenue. Elle en a rapporté un ouvrage majeur sur l'univers concentrationnaire, "Ravensbrück", qui analyse les ressorts économiques du système nazi.
Mon rôle était de rappeler l’idéal de la Résistance, un humanisme, une éthique qui n’étaient pas en dehors des nécessités économiques, mais qui les transcendaient. Un nouveau totalitarisme est en train de naître, celui de l’argent.
Geneviève de Gaulle à propos de son engagement aux côtés de Malraux
En octobre 1944, elle est placée en isolement au 'bunker' du camp sur ordre d’Himmler, qui veut l'utiliser comme monnaie d’échange. De cette expérience, elle a tiré un livre écrit 50 ans plus tard, "La Traversée de la nuit", sur sa vie en camp de concentration et l'entraide entre femmes.
Jean Zay, bâtisseur de l’école de la République
Lors de son investiture, François Hollande avait tenu à rendre hommage à cet ancien ministre du Front populaire oublié des manuels scolaires. Pourtant, cet avocat passé en politique a beaucoup œuvré pour l’école de la République. Sont à mettre à son crédit : les cours obligatoires jusqu’à 14 ans, l’éducation physique et la médecine préventive scolaire. La France lui doit également la création de deux de ses plus prestigieuses institutions : le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’École nationale de l’administration (ENA).
Le ministre de Léon Blum a également apporté sa pierre à l’édifice culturel en participant, notamment, à la mise sur pied du festival de Cannes, de la Cinémathèque, des musées de l’Homme, de la Marine et d’art moderne de Paris...
Je n'ai jamais été si sûr de mon destin et de ma route. J'ai le cœur et la conscience tranquilles. Je n'ai aucune peur.
Jean Zay dans sa dernière lettre, le 19 juin 1944
Après avoir quitté la France pour le Maroc à l'appel du Général de Gaulle, Jean Zay est arrêté à Rabat le 16 août 1940 puis renvoyé en métropole. Il reste dans l'œil méfiant du régime de Vichy. Le tribunal militaire le condamne pour "désertion" dans une parodie de procès. Il croupit près de quatre ans en prison. Le 20 juin 1944, deux semaines après le débarquement allié, Jean Zay est tiré de sa cellule et abattu par des miliciens. Son corps est précipité dans un gouffre. Découvert par des chasseurs en 1946, il est enterré dans une fosse commune, mais n'est identifié qu'en 1948, après l'arrestation d'un des assassins.