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Un opposant ukrainien affirme avoir été enlevé et torturé

Un opposant ukrainien, Dmytro Boulatov, enlevé le 22 janvier et relâché jeudi soir, a raconté vendredi avoir été torturé pendant une semaine. L'ONG Human Rights Watch affirme, de son côté, avoir connaissance de 13 autres cas similaires.

Le cas de Dmytro Boulatov a suscité l’émoi des Ukrainiens. Ce militant, très actif contre le président Viktor Ianoukovitch, a été enlevé et torturé pendant une semaine. Une nouvelle affaire de passage à tabac, qui relance les inquiétudes sur le sort des opposants disparus.

"Ils m'ont crucifié, m'ont coupé une oreille et tailladé le visage, ils m'ont roué de coups sur tout le corps. Mais, Dieu merci, je suis vivant", a déclaré vendredi 31 janvier Dmytro Boulatov, selon des images des chaînes de télévision privées Kanal 5 et 1+1. Sur le document audiovisuel, on distingue du sang coagulé sur son visage, des blessures sur ses mains et des vêtements imprégnés de sang.

Dmytro Boulatov est l'un des leaders d'Automaïdan, mouvement de manifestants en voiture, qui avait organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du chef de l'État près de Kiev. Ce père de trois enfants âgé de 35 ans, porté disparu le 22 janvier, a été abandonné jeudi soir dans une forêt de la banlieue de Kiev, après avoir été retenu et torturé par des inconnus.

Le ministère de l'Intérieur, qui a ouvert une enquête contre X pour enlèvement, a affirmé vendredi ne pas exclure "la mise en scène de l'enlèvement [...] afin de provoquer une réaction négative dans la société".

33 personnes disparues

La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton s'est dite "consternée" vendredi par les signes évidents de torture infligée de façon prolongée au militant.

L'ONG Human Rights Watch a indiqué vendredi avoir répertorié 13 cas où la police avait délibérément frappé ou visé avec des tirs de balles de caoutchouc des journalistes couvrant la contestation, ou des médecins. D'autres ONG ukrainiennes parlent de 60 cas.

À ce jour, 33 personnes ayant pris part aux manifestations contre le pouvoir sont portées disparues, selon l'ONG SOS Euromaïdan qui répertorie ces cas, sans qu'il ne soit possible de vérifier ce chiffre.

Le pays traverse depuis plus de deux mois une contestation sans précédent, depuis la volte-face en novembre du président Viktor Ianoukovitch, qui s'est tourné vers la Russie en renonçant à un rapprochement prévu avec l'Union européenne.

Avec AFP