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Tunisie : Mehdi Jomaâ à nouveau chargé de former un gouvernement apolitique

Après l'échec de la formation d’un gouvernement d’indépendants dans la nuit de samedi à dimanche, le ministre sortant de l'Industrie, Mehdi Jomaâ, a de nouveau été chargé dimanche par le président Moncef Marzouki de composer une nouvelle équipe.

Alors que la nouvelle Constitution tunisienne doit être adoptée dimanche 26 janvier, le climat politique est des plus tendus en Tunisie. Le ministre sortant de l'Industrie, Mehdi Jomaâ, a de nouveau été chargé dimanche 26 janvier par le président Moncef Marzouki de composer un nouveau gouvernement apolitique. Selon la présidence, la liste pourrait être présentée dès 17h00 GMT (18h à Tunis). Dans la nuit de samedi à dimanche, Mehdi Jomaâ avait annoncé qu'il n’était pas parvenu à constituer une équipe faisant le consensus.

Selon des médias et plusieurs sources politiques tunisiennes, le principal problème concerne l'identité du ministre de l'Intérieur. Certaines forces, dont les islamistes et Mehdi Jomaâ, militaient pour le maintien de Lotfi Ben Jeddou, en poste depuis mars 2013. D'autres estimaient qu'il devait quitter ses fonctions car il a servi dans l'équipe sortante, dirigée par Ennahda, et qu'il était en poste lors de l'assassinat de Mohamed Brahmi.

"Nous ne sommes pas loin de la solution, nous continuons encore les concertations [...] Peut-être que je serai chargé (de nouveau de former un cabinet), peut-être que ce sera une autre personne", a déclaré Mehdi Jomaâ, qui avait été choisi en décembre par la classe politique pour diriger le prochain gouvernement.

Selon la législation en vigueur, "en cas d'échec de la formation du gouvernement (...) le président de la République, après concertation avec les partis, les coalitions et les groupes de l'Assemblée, désigne la personnalité la plus apte de former un gouvernement". En attendant, le Premier ministre sortant, l'islamiste Ali Larayedh, reste en charge des affaires courantes. Ennahda avait accepté, à l’automne dernier, de quitter le pouvoir et de laisser la place à des indépendants pour conduire le pays vers des élections en 2014.

Vote de la nouvelle Constitution

Malgré la situation tendue, une nouvelle Constitution doit être adoptée dimanche, après deux ans de travaux et de débats houleux. Elle consacre un éxecutif à deux têtes et accorde une place réduite à l'islam. Le premier de ses 146 articles donne l'esprit du texte : “La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, l'islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime.”

À la sortie de la séance, la plupart des députés se disaient heureux. “Je pense que chaque Tunisien peut se reconnaître un peu dans cette Constitution. Je pense qu'aujourd'hui nous avons réussi à trouver les consensus nécessaires”, a déclaré l’un d’entre eux au micro de FRANCE 24. “Cette Constitution n'est pas celle d'un parti. C'est la Constitution du peuple tunisien qui ouvrira les horizons pour que la Tunisie s'intègre dans les nouvelles démocraties”, affirme un autre.

Le dernier vote requis avant l’adoption officielle dimanche doit recueillir une majorité des deux tiers des 217 députés. En cas d'échec, une seconde lecture sera effectuée. Et si le texte est toujours rejeté, il sera alors soumis à un référendum populaire, ce que l'essentiel de la classe politique semble vouloir éviter

Berceau du printemps arabe, la Tunisie a réussi à ne pas basculer jusqu'à présent dans le chaos, mais sa stabilité reste minée par l'essor de groupes djihadistes et par de profonds problèmes économiques et sociaux, déjà à l'origine de la révolution de janvier 2011.

Avec AFP