À la veille d'une visite du secrétaire d'État américain, Israël a libéré 26 prisonniers palestiniens dans le cadre des négociations de paix en cours. Mais dans le même temps, les projets de constructions dans les colonies se poursuivent.
La joie est grande dans la bande de Gaza et à Ramallah. Israël a libéré, dans la nuit de lundi à mardi 31 décembre, 26 détenus palestiniens. Il s’agit de l’avant-dernier contingent de prisonniers à retrouver la liberté, conformément aux engagements pour relancer les négociations de paix sous l'égide de Washington.
Ce geste survient justement avant une viste du secrétaire d'État américian, John Kerry, qui entamera, jeudi 2 janvier, une nouvelle et difficile mission de paix dans la région.
Mahmoud Abbas accueille les prisonniers libérés à Ramallah
Dix-huit des prisonniers sont arrivés au quartier général de l'Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie où les attendaient le président palestinien Mahmoud Abbas et leurs proches, a constaté un journaliste de l'AFP. Cinq autres prisonniers ont été libérés à Jérusalem-est, a constaté un photographe de l'AFP, et trois autres détenus sont arrivés dans la bande de Gaza, dont ils sont originaires.
Ces détenus ont été accueillis chez eux en héros dans une atmosphère emplie de joie et d'émotion par une foule de plusieurs centaines de personnes qui brandissaient des pancartes avec les photos des libérés et des drapeaux palestiniens. Ils avaient purgé des peines de 19 à 28 ans de prison pour des actes commis avant les accords de paix d'Oslo de 1993.
"Je vous promets qu'il n'y aura pas d'accord final [avec Israël, NDLR] tant que tous les prisonniers ne seront pas rentrés chez eux", a affirmé Mahmoud Abbas lors de la cérémonie, à Ramallah.
Colère en Israël
Au total, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est engagé à libérer 104 détenus. Les deux premiers groupes avaient été remis en liberté le 13 août et le 29 octobre. Côté israélien, les familles de victimes vivent ces libérations comme une trahison de leur gouvernement à qui elles demandent de cesser ces mesures.
Lundi soir, quelque 200 manifestants israéliens avaient défilé du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu au Mur des lamentations à Jérusalem.
Aux cris de "honte sur toi Bibi" Netanyahu, ils ont dénoncé la libération des cinq Palestiniens originaires de Jérusalem-est annexée, alors que le Premier ministre avait promis de ne pas libérer de Palestiniens originaires de cette zone et détenteurs à ce titre d'une carte d'identité de résident délivrée par les autorités israéliennes. La Cour suprême a toutefois rejeté lundi un recours présenté sur cette question.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a justifié ces libérations: "Une direction politique est jugée sur sa capacité à prendre des décisions difficiles", a-t-il affirmé à la radio publique. "Les négociations [avec les Palestiniens, NDLR] servent les intérêts stratégiques d'Israël", a-t-il insisté.
Nouvelles colonies annoncées
Parallèlement, chaque vague de libération a été assortie à l’annonce d’un nouveau projet de construction dans les colonies et à Jérusalem-Est. Et malgré le risque de mettre le feu aux poudres, ce troisième contingent ne devrait pas faire exception. D’après la presse israélienne, quelque 1 400 nouveaux logements devraient être annoncés.
En septembre 2010, la poursuite de la colonisation dans ces zones avait conduit à l’échec pur et simple des pourparlers. Craignant une même issue, les États-Unis et l’Union européenne (UE) auraient expressément demandé à Israël de s’abstenir de lancer des appels d’offre pour les implantations juives en même temps que le processus de libération de détenus.
Annexion de la Vallée du Jourdain
Mais Benjamin Netanyahou, désireux de ménager l’aile droite de sa coalition, a d’ores et déjà prévenu qu’il comptait ignorer ces appels : “Nous ne cesserons pas un instant de bâtir notre pays, de nous renforcer, de développer [...] les implantations”, a-t-il assuré la semaine dernière.
Pis encore, un comité ministériel israélien vient d’approuver, dimanche 29 décembre, un projet de loi, porté par une députée d’extrême droite, prévoyant l’annexion de la vallée du Jourdain - aux frontières entre la Cisjordanie et la Jordanie - même en cas d’accord de paix final avec les Palestiniens. Une attitude inadmissible pour le chef négociateur palestinien Saëb Erakat. “Le gouvernement Netanyahu - un gouvernement de colons - continue à détruire les efforts de paix internationaux en transformant son occupation en annexion”, a-t-il déclaré, exhortant la communauté internationale à faire pression sur Israël.
Cherchant à calmer le jeu, la ministre centriste de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations avec les Palestiniens, s’est engagée à faire appel de ce vote “irresponsable”. Le but, pour elle, étant notamment de préparer au mieux le terrain pour la venue, jeudi 2 janvier, de John Kerry. À l’occasion de sa 10e visite au Proche-Orient depuis mars 2013, le secrétaire d’État américain aura la lourde de tache de faire avancer les négociations de paix.
Avec AFP