Un policier a été tué et plusieurs dizaines de personnes ont été blessées à Bangkok lors d'une manifestation de l'opposition. Les protestataires tentaient d'empêcher les candidats de s'inscrire aux législatives, boycottées par l'opposition.
Un policier est mort jeudi 26 décembre à Bangkok après avoir été touché par une balle à la poitrine lors d’une manifestation de l’opposition. Les protestataires ont affronté les forces de l’ordre en tentant de forcer l’entrée du stade de Bangkok où avaient lieu les inscriptions des candidats aux élections législatives, boycottées par l’opposition. La police a tiré du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour les disperser.
Au total, 66 personnes ont été hospitalisées, dont un manifestant dans un état grave, selon le dernier bilan des secouristes. Plusieurs policiers ont également été blessés, dont l'un a reçu une balle dans le bras."Les manifestants ne sont pas pacifiques et non-armés comme ils le prétendaient", a déclaré à la télévision le vice-Premier ministre Surapong Tovichakchaikul, les accusant de tenter d'"intimider" les responsables de la commission électorale thaïlandaise.
Plusieurs membres de cette commission ont dû être évacués par hélicoptère. "Nous ne pouvons pas organiser des élections libres et justes dans ces circonstances", a déclaré parmi eux Prawit Rattanapien, recommandant un report du scrutin. Ce report n’est possible que sur décision du gouvernement. Or celui-ci est bien décidé à tenir tête à l’opposition et à suivre les règles de la Constitution thaïlandaise, selon laquelle les législatives doivent avoir lieu dans les 60 jours après la dissolution du Parlement, soit d'ici au 9 février 2014. Une trentaine de partis politiques ont répondu présent pour les élections.
"Loi de sécurité spéciale"
Il s’agit du premier incident de ce genre depuis près de deux semaines. Mercredi 25 décembre, le pouvoir a prolongé de deux mois l'application d'une "loi de sécurité spéciale", qui renforce le champ d'action de la police.
L’opposition, qui mobilise jusqu’à plus de 150 000 manifestants par jour, réclame le départ de la Premier ministre Yingluck Shinawatra, accusée d'être la marionnette de son frère, Thaksin Shinawatra, lui-même ex-Premier ministre en exil après un coup d'État contre lui en 2006. Les protestataires veulent le remplacement du gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, pendant 18 mois, avant de nouvelles élections. L'opposition est quant à elle accusée de vouloir recrééer une situation similaire à celle de 2006, quand l'armée était intervenue après des mois de chaos politique.
Cette crise est la plus importante depuis celle de 2010, qui s'était soldée par plus de 90 morts et une intervention de l'armée. Pour le moment, l'armée, élément clé de cette monarchie constitutionnelle qui a connu 18 coups ou tentatives de coups d'État depuis 1932, refuse de prendre parti. Et la police a jusqu'à présent fait preuve de retenue, sur ordre du gouvernement, qui espère ainsi désamorcer la contestation.
Avec AFP et Reuters