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L’armée américaine prise la main dans le sac du piratage informatique

Le gouvernement américain a accepté de payer 50 millions de dollars à un éditeur de logiciel qui avait découvert que la Grande Muette utilisait l’un de ses produits sans grand égard pour le droit de propriété.

L’armée américaine, cet affreux pirate informatique. C’est peut-être grossir un peu le trait, mais l’accord financier trouvé entre les autorités américaines et la société texane Apptricity est du plus mauvais effet pour l’image de l’administration. L’exécutif a en effet accepté de verser à Apptricity 50 millions de dollars (36,7 millions d’euros) pour mettre fin à une procédure judiciaire à l’encontre de son bras armé pour utilisation illégale de logiciels informatiques, a annoncé l’entreprise mardi 26 novembre.

Et encore, les militaires américains s’en sortent bien. Dans sa plainte, déposée en février 2012, Apptricity réclamait 224,5 millions de dollars (164,8 millions d’euros). Mais pour la société texane, cette somme revue à la baisse lui garantit qu’elle pourra continuer à travailler avec l’État américain, souligne le quotidien "Dallas News", le premier à avoir relaté l’histoire. “Si elle allait au bout de la procédure, elle risquait de s’aliéner son plus important client”, rappelle le journal.

Depuis 2004, Apptricity fournit aux militaires une solution informatique qui lui a rapporté plusieurs millions de dollars. Le logiciel permet de mieux suivre à distance les mouvements des troupes américaines et du matériel déployé en Afghanistan, en Irak, etc. En 2010, c’est également grâce à ce logiciel que le département de la Défense a réussi à garder une vue d’ensemble des opérations au sol lors du tremblement de terre à Haïti.

Bourde de l'armée

Mais l’affaire aurait du être encore plus lucrative pour Apptricity. À partir de 2008, l’éditeur de logiciel commence à soupçonner qu’il y a un vers dans la pomme de son contrat avec la Grande Muette américaine. Sa solution semble être tellement appréciée par l’armée qu’Apptricity se demande s’elle ne tourne pas sur davantage de postes de travail qu’autorisés. Le groupe reçoit, en effet, des rapports d’utilisation de son logiciel dans plus en plus de pays où l’armée américaine est présente.

Des soupçons confirmés lorsqu’un militaire se vante, début 2010 lors d’une présentation, que le logiciel est installé sur des “milliers” d’ordinateurs, raconte le site de la chaîne britannique BBC. Une faux pas : le contrat qui lie l’armée à Apptricity ne prévoit que 500 licences. On est donc très loin du compte. La société texane apprend, durant les négociations, que leur produit a, en fait, été installé illégalement sur 9000 postes !

Une révélation qui intervient alors même que l’exécutif avait fait du piratage informatique l’un de ses chevaux de bataille pour la campagne électorale de 2012. Le vice-président Joe Biden qualifie même ce phénomène “de vol pur et simple, similaire au fait de casser la vitrine d’un magasin et de se servir”. L’histoire ne dit pas ce que les 9000 “cambrioleurs” de l’armée américaine ont, alors, pensé de ces déclarations.