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Le Sénat italien chasse Silvio Berlusconi de ses rangs

Sans surprise, le Sénat italien s'est prononcé, mercredi, en faveur de la destitution de Silvio Berlusconi. Son éviction met fin à 20 ans de domination sur la vie politique italienne. À moins que le "Cavaliere" parvienne encore à rebondir.

Sans surprise, le Sénat italien a voté, mercredi 27 novembre, la destitution de l'ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi. Ce vote, dont l'issue ne faisait guère de doutes puisque la gauche et le Mouvement cinq étoiles de l'ex-comique Beppe Grillo avaient annoncé qu'ils uniraient leurs voix, fait suite à la condamnation définitive, en août, du "Cavaliere" pour fraude fiscale.

Cette éviction est le résultat d'une loi adoptée en 2012 prévoyant l'inéligibilité pendant six ans de tout élu condamné à une peine de plus de deux ans (le "Cavaliere" s'est vu infliger quatre ans, dont trois annulés par une amnistie).
Un vote qui met fin à vingt ans d’activité politique
C'est un jour amer, un jour de deuil", a déclaré Silvio Berlusconi, la main sur le cœur, en sortant saluer les milliers de partisans rassemblés pour le soutenir devant sa résidence romaine à Rome, peu avant le vote. "Aujourd'hui, en vous regardant dans les yeux, je vois que l'émotion n'est pas seulement la mienne mais aussi la vôtre", a-t-il dajouté, en les remerciant. 
La sentence a été prononcée en l'absence du "Cavaliere" qui avait dans un premier temps annoncé qu'il serait présent dans l'Hémicycle et qu'il y énoncerait un "discours historique". Mais ses avocats l’ont dissuadé de s’y rendre pour éviter d’ajouter à l’affront une image encore plus humiliante d’une expulsion manu militari. En effet, en sa présence, le président du Sénat aurait prononcé la phrase suivante : "Je prie les commis d'accompagner le sénateur Berlusconi hors de l'Hémicycle.
Sans conséquences immédiates sur le gouvernement actuel, le départ du Sénat de Silvio Berlusconi, 77 ans, met fin à vingt ans d’activité politique. Quid de l’avenir judiciaire du Cavaliere ? Privé de son immunité parlementaire, pourrait-il être arrêté dans le cadre de la procédure pénale à Naples, où il est accusé d'avoir "acheté" un sénateur de gauche en 2006 ?
"C'est une hypothèse absurde, et dans la situation actuelle, complètement irréelle", a estimé Franco Coppi, l'un des avocats du magnat des médias. "À son âge, on ne va pas en prison sauf dans des cas exceptionnels", a ajouté Piercamillo Davigo, ancien membre du fameux pool anticorruption Mains Propres qui avait lancé les premières procédures à l'encontre de Berlusconi.
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Le Sénat italien chasse Silvio Berlusconi de ses rangs
Berlusconi est encore et restera très puissant
"Berlusconi est encore et restera très puissant, même si son pouvoir est sur le déclin. Il a encore d'énormes ressources, possède toujours ses médias [trois chaînes de télévision, des journaux], a obtenu 10 millions de voix il y a six mois", a indiqué à l’AFP le politologue James Waltson, professeur à l'Université américaine de Rome.
Silvio Berlusconi l'a d'ailleurs lui-même martelé : il restera quoi qu'il arrive à la tête de son parti refondé, Forza Italia. Selon des sondages effectués pour son compte, une coalition de droite recueillerait 24 % des suffrages en cas d'élections anticipées, "deux points de plus que le centre gauche". Plusieurs milliers de partisans du "Cavaliere", chacun muni de son drapeau vert-blanc-rouge Forza Italia, se sont rassemblés en début d'après-midi pour exprimer leur solidarité vis-à-vis de leur chef.
Avec dépêches (AFP et REUTERS)