Cinquante ans après l'assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963, les réflexions autour des circonstances de sa mort sont toujours d'actualité et les théories du complot vont bon train aux États-Unis.
Immuable. Dealey Plaza, place de Dallas où le président américain John Fitzgerald Kennedy a été assassiné le 22 novembre 1963, est, un demi-siècle plus tard, quasiment identique. Ce jour-là, depuis le sixième étage du Texas Schoolbook Depository, l’immeuble qui se trouve toujours au nord de la place, Lee Harvey Oswald a tiré sur le président, bouleversant l’Amérique et le cours de l’Histoire.
Moins de deux heures après les coups de feu, Oswald était arrêté, puis rapidement accusé du meurtre de Kennedy. Deux jours plus tard, le jeune homme de 24 ans était lui-même abattu par Jack Ruby, propriétaire d’un nightclub de Dallas, alors que la police s’apprêtait à le transférer vers la prison du comté. C’est du moins la version officielle. Cinquante ans après, ceux qui contestent cette version des faits attendent toujours des réponses. D’après un sondage mené en avril dernier par Associated Press-GfK, 59 % des Américains sont convaincus qu’Oswald n’a pas agi seul.
Deborah Conway en fait partie. Habitante de Dallas, elle est toujours aussi engagée dans ce qu’elle estime être "la recherche de la vérité" sur l’assassinat de JFK. "Je crois fermement qu’il y avait plus d’un tireur ; je pense aussi qu’il y avait une conspiration derrière cet assassinat", a-t-elle affirmé à FRANCE 24. "Ils voulaient changer le gouvernement américain, ils n’aimaient pas la manière de diriger du président Kennedy. Peut-être pensaient-ils aussi qu’il était trop jeune, trop naïf, trop inexpérimenté…Je pense qu’ils ont voulu l’éliminer", poursuit-elle. Sans en dire plus sur l’identité de ces "ils".
"Nous avons oublié qui était Kennedy"
Pour d’autres, l’affaire est close depuis la parution, en 1964, du rapport de la Commission Warren, commandité par l’État. "Nous avons été tellement pollués par toutes les théories conspirationnistes, les légendes sur l’origine des tirs, sur le nombre de tueurs, la CIA, le FBI, les Russes, les Cubains, la prétendue implication de [l’ancien président] Lyndon Johnson ou des producteurs de pétrole du Texas, que nous en avons oublié qui était Kennedy", estime l’historien américain James Swanson, interrogé par FRANCE24.
"Nous devons nous souvenir que le 22 novembre 1963, une femme a perdu son mari, deux enfants ont perdu leur père et l’Amérique a perdu son président", poursuit l’historien. "Kennedy était un héros de guerre, un vétéran. Il avait sacrifié sa vie pour le pays. Il croyait en une Amérique exceptionnelle, en la grandeur de notre pays".
Patty Rhule, responsable au Newseum de Washington, va dans le même sens que James Swanson : "Le président Kennedy laisse un héritage qui va bien au-delà du fait qu’il ait été assassiné. Il a été le premier président américain né au XXe siècle, le plus jeune président élu. Et il a apporté un idéalisme plein de fraîcheur à son pays, il nous a mis au défi de marcher sur la lune", dit-elle.
Une attraction touristique
Mais à Dallas, la mort pour le moins marquante de JFK a largement dépassé l’héritage politique laissé par un président resté en poste trois courtes années. L'assassinat a provoqué une improbable attraction touristique à Dallas, générant environ 15 millions de dollars (11 millions d’euros) par an.
Les visiteurs peuvent monter dans un bus touristique qui emprunte la même route funèbre que la décapotable de Kennedy, se procurer une réplique des bijoux de Jackie Kennedy ou lire une reproduction des éditions du 23 novembre de la presse locale.
Quant aux conspirationnistes, ils arpentent les différents sites pour livrer leur version des faits aux milliers de visiteurs qui affluent à Dallas chaque jour. Mais le 22 novembre 2013, jour de la commémoration officielle, ces prêcheurs de "vérité" ont été évacués de leurs tribunes habituelles. Décrite par le maire de Washington, Mike Rawlings, comme "solennelle, digne et discrète", la cérémonie est consacrée à la "vie, l’héritage et la présidence de John F. Kennedy" plutôt qu’à sa mort.