Le conseil municipal de Toronto a, mercredi, exhorté le maire, Rob Ford, à la démission afin de gérer ses problèmes liés à l'alcool et à la drogue. L'édile, qui a admis récemment avoir fumé du crack, a décidé d'ignorer la motion de défiance.
Le conseil municipal de Toronto a demandé mercredi au maire de la ville, Rob Ford, de se mettre en retrait de la vie politique pour gérer "ses problèmes personnels" liés à l’alcool ou la consommation de drogues. En dépit de cette motion de défiance, Rob Ford a annoncé rester à son poste.
La motion, que Rob Ford n’est pas tenu d’appliquer, a été votée par 37 voix contre 5 au terme d’une heure de débat pendant laquelle les opposants et les anciens alliés du maire n’ont cessé de l’interroger sur sa capacité à diriger la plus grande ville du Canada, qui compte 2,6 millions d’habitants.
Sexe, drogue et alcool
L'homme de 44 ans, qui a reconnu la semaine dernière avoir fumé du crack et abusé de l'alcool, faisait face mercredi soir à de nouvelles accusations où se mêlent prostituées, drogues et alcool.
La justice a levé un peu plus le voile sur les frasques du maire de la quatrième ville métropole d'Amérique du Nord en remettant, mercredi, à un avocat mandaté par les médias, des documents compromettants issus de l'enquête de police . L'investigation, au départ, était destiné à confondre un présumé trafiquant de drogue, Alessandro Lisi - également ami et chauffeur occasionnel du maire de Toronto.
D'anciens conseillers du maire y racontent notamment la fameuse soirée de la Saint-Patrick en mars 2012, à laquelle le maire avait déjà reconnu y avoir bu plus que de raison. Rob Ford, qui se serait trouvé en compagnie de femmes, soupçonnées d'être des prostituées, a repris le volant de sa voiture après avoir ingéré un demi-litre de vodka et absorbé un puissant sédatif proche de la morphine.
Le maire, proche des conservateurs au pouvoir, continue à prôner "la tolérance zéro pour la drogue et les gangs" mais a admis lors de l’audience avoir déjà "acheté de la drogue au cours des deux dernières années", comme le lui demandait un conseiller. "Oui, je l’ai fait", a-t-il lâché dans un soupir après quelques secondes.
De nouvelles révélations pourraient émerger dans les semaines à venir. Lors de la séance du conseil municipal, lorsqu'un conseiller lui a demandé s'il avait tout avoué, Rob Ford lui a rétorqué : "Je n'en sais rien, il se pourrait qu'il reste d'autres cadavres dans le placard".
"Je ne souffre d’aucune addiction"
L’élu s’est néanmoins défendu bec et ongle. "Je ne souffre d’aucune addiction, je ne suis donc pas sûr de comprendre pourquoi vous dites que j’ai besoin d’aide", a-t-il ensuite rétorqué. Les faits "très humiliants et honteux" qu'il a admis sont "des éléments isolés" qui ne justifient aucune cure de désintoxication spécifique, a estimé l'élu, balayant d'un revers de la main la demande du conseil de régler ses problèmes personnels.
Élu en 2010 sur la promesse de mettre fin au "train dispendieux" de la municipalité, le maire a défendu son bilan contre tous, se vantant d'être celui "qui a fait économiser le plus aux contribuables dans l'histoire de Toronto" depuis son élection.
Rob Ford refuse de démissionner, estimant qu’il ne faut pas mêler affaires publiques et vie privée. "Je ne peux pas changer le passé", a déclaré M. Ford, mais il veut "désormais aller de l'avant" afin de mener son mandat à son terme, c'est-à-dire jusqu'en octobre 2014.
Avec dépêches