
, envoyée spéciale à Paris – Sept jours après le passage du typhon Haiyan, la communauté philippine de Paris continue de prier et de récolter des fonds. Réunis dans une paroisse de la capitale, de nombreux membres attendent des nouvelles de leurs proches.
Dans l'assistance de la chapelle Sainte-Bernadette à Paris, où se regroupe la communauté philippine pour assister à deux messes hebdomadaires, les visages sont graves. Au premier rang, un homme essuie furtivement quelques larmes. Plus loin, une femme, à genoux, ferme les yeux et prie avec dévotion. Sur la centaine de personnes présentes pour la messe du mercredi, tous connaissent quelqu'un dont la famille a été frappée par le super typhon Haiyan.
Piena Badé est directement concernée. Depuis cinq jours, cette femme, originaire de la province du Samar oriental, ne quitte pas la télévision des yeux. "C'est tellement triste. J'ai des proches là-bas, mon oncle, mes tantes, mes cousins. Il n'y a aucune communication pour le moment. Je ne sais rien", raconte-elle avec un immense sang froid. Faustina Soledad partage aussi cette angoisse, même si elle la dissimule, comme d'autres, derrière un sourire. Sa sœur vit à Tacloban, ville côtière des Philippines presque entièrement détruite par le passage du typhon : "Je n'ai aucune nouvelles d'elle ni de mes neveux. Je pleure quand je vois les images à la télévision. J'ai étudié dans cette ville et je n'ai jamais vu de typhon comparable. Tout est détruit".
Un autre membre de la congrégation avoue avoir un peu plus de chance. Antero Javelosa, originaire également de Tacloban, sait que sa sœur est saine et sauve. "Mon autre sœur l'a eu au téléphone avant hier", confie-t-il très soulagé. "Elle a pu appeler depuis l'aéroport où il y a un peu de réseau, mais nous ne savons pas ce qu'est devenu l'un de mes cousins".
"Faire preuve de gratitude"
Pour rassurer au mieux sa communauté, le prêtre de la paroisse, le père Lyndon Balubar, affiche un visage plein d'espoir. Dans la langue nationale, il annonce dès le début de son homélie que selon les médias philippins, le premier bilan de 10 000 morts a été surévalué. Les derniers chiffres se situent désormais entre 1000 et 2000 morts. "Nous devons être reconnaissants pour ces nouvelles", affirme-t-il à ses fidèles. Le prêtre profite de cette messe, particulièrement émouvante, pour remercier la communauté internationale qui s'est mobilisée depuis le premier jour : "J'espère que vous serez très reconnaissants envers tous ceux qui nous aident en ce moment à travers le monde. Nous continuons à demander de l'aide et à prier pour notre pays".
Sur les bancs de la petite église, les Philippins de France joignent le geste à la parole. Au son de quelques accords de guitares, les fidèles se rapprochent et se tiennent par la main. Malgré les terribles circonstances, ce sont des chants joyeux qui s'élèvent dans l'édifice religieux. Dans un pays où plus de 80 % de la population est catholique, la foi tient une place très importante.
Rassembler des fonds
Mais ces expatriés ne se contentent pas de prier. Depuis la semaine dernière, une grande partie des 50 000 Philippins de l'Hexagone collectent des fonds pour venir en aide aux sinistrés à 11 000 km de Paris. "La communauté est très soudée", explique ainsi Ralph Cabaron, le président des associations philippines de France. "On a déjà reçus des vêtements ou encore des médicaments. Ceux qui travaillent demandent aussi une aide auprès de leur patron ou organisent des collectes". À la fin de la messe, la quête est aussi dédiée aux victimes du typhon. Les fonds récoltés seront directement envoyés à l'Église catholique des Philippines. "Avec les messes de dimanche et de ce mercredi, je ne sais pas si nous avons atteint quelques milliers d'euros, mais nous allons continuer à chaque office à faire des appels au don", insiste le prêtre, avant d'aller soutenir un autre de ses fidèles, dans l'attente de nouvelles de ses proches.