Alors que le nombre de détenus explose en France (68 000 en juin 2013), la Suède connaît une forte baisse de la population carcérale. En raison de cette situation, les autorités suédoises ont d'ailleurs décidé de fermer quatre prisons dans le pays.
En France, les prisons sont au bord de l’implosion. Selon les derniers chiffres fournis par le ministère de la Justice en octobre, il y a actuellement 67 310 personnes détenues pour 57 435 places dans les établissements pénitentiaires, soit une hausse de 1% par rapport à l’année dernière.
À 1 500 km de l’hexagone, la situation est toute autre. Comme le révèle un article du Guardian, les prisons suédoises comptent de moins en moins de pensionnaires. Alors que la baisse du nombre de détenus était de 1% en 2004, elle a atteint 6% entre 2011 et 2012. Interrogé à ce sujet par le journal britannique, Nils Öberg, directeur des prisons suédoises et des services de probation, explique que les autorités de son pays ont du prendre des décisions en conséquence : "Face à un tel déclin du nombre de prisonniers, nous y avons vu l’opportunité de fermer une partie des infrastructures dont nous n’avions plus besoin".
La Suède a ainsi fermé les prisons des villes d’Åby, Håja, Båtshagen, et de Kristianstad. Deux d’entre elles vont probablement être vendues, tandis que les deux autres vont servir pour d’autres services administratifs.
Plus de réinsertion et de prévention
D’après Nils Öberg, personne ne connait avec exactitude les raisons de cette baisse, mais il pense que l’approche très libérale du système pénitentiaire suédois, avec une mise en avant des mesures alternatives à l'emprisonnement – travaux d'intérêt général, périodes de probation ou bracelet électronique – y a certainement contribué.
"Nous espérons que les efforts que nous avons investis en terme de réinsertion et en terme de prévention de la récidive ont eu un impact, mais ils ne peuvent pas expliquer à eux seuls cette baisse de 6%", estime le directeur de l’administration pénitentiaire suédoise.
Ces bons chiffres pourraient aussi s’expliquer par une nouvelle législation dans le pays, poursuit Nils Öberg. Depuis 2011, les tribunaux ont ainsi infligé des peines plus indulgentes pour des délits liés aux drogues. Hanns von Hofer, un professeur de criminologie à l’Université de Stockholm, estime pour sa part que cette baisse est liée à un remplacement progressif des sentences de prison pour des vols mineurs ou des affaires de drogues par des peines de probation en milieu extérieur. En 2012, la Suède comptait 4 852 détenus sur une population de 9,5 millions d'habitants, contre 5 722 en 2004.