L'élection présidentielle de dimanche en Géorgie signe la fin de l'ère Mikheïl Saakachvili. Une décennie marquée par une prise de distance avec le voisin russe et un arrimage de cette ancienne République soviétique aux États-Unis.
Un chapitre va se refermer en Géorgie avec l'élection présidentielle, dimanche 27 octobre. Ce scrutin, qui clôt dix ans de pouvoir de Mikheïl Saakachvili, représente aussi un test pour le Rêve géorgien, la coalition du Premier ministre Bidzina Ivanichvili qui cohabite difficilement avec le président depuis sa victoire aux législatives en octobre 2012.
Parmi les 23 candidats en lice, Georgy Margvelachvili, un proche d'Ivanichvili qui fait partie du gouvernement depuis l'an dernier, devrait l'emporter facilement.
La victoire de ce philosophe de 44 ans ne fait plus de doute, avance Régis Genté, correspondant à Tbilissi pour FRANCE 24. "La seule incertitude est de savoir s'il va s'imposer dès le premier tour ou s'il devra attendre le second". Un enjeu important, précise-t-il, "pour savoir si une opposition forte va demeurer dans cette république post-soviétique".
Selon le sondage NDI, cet ancien ministre de l'Éducation et vice-Premier ministre devrait arriver en tête avec 39 % des voix, devant David Bakradzé, membre du Mouvement national uni du président sortant, (18 %) et Nino Bourjanadzé, qui a participé à la "révolution des roses" de 2003 qui a porté Mikheïl Saakachvili au pouvoir (13%). Une tendance qui laisse présager un second tour.
itIvanichvili en coulisses
Si la victoire attendue de Margvelachvili est censée apporter un semblant de stabilité, en confortant l'emprise politique du Rêve géorgien, la situation pourrait rapidement s'obscurcir compte tenu de la volonté d'Ivanichvili, un homme d'affaires milliardaire très hostile au chef de l'État sortant, de démissionner après le vote de dimanche. D'après le sondage du NDI réalisé fin août-début septembre, plus de 70 % des personnes interrogées désapprouvent sa décision de quitter la direction du gouvernement.
Certains analystes pensent que la démission annoncée de Bidzina Ivanichvili d'ici la fin de l'année devrait lui permettre de continuer à tirer les ficelles en coulisses, en grande partie par le truchement de son engagement au sein du Fonds géorgien de co-investissement. Cette structure privilégie les investissements dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie manufacturière, du tourisme et de l'agriculture. Sa fortune personnelle, estimée à 5,3 milliards de dollars, équivaut à près du tiers du PIB géorgien.
(Avec dépêches)