Libéré au terme de plusieurs heures de détention par un groupe d'ex-rebelles, le Premier ministre libyen Ali Zeidan veut traiter la question de sa capture avec "sagesse" et "rationalité".
Le Premier ministre libyen Ali Zeidan est arrivé, jeudi 10 octobre, au siège du gouvernement, peu après sa libération au terme de six heures de détention par un groupe d'ex-rebelles.
L'ancien otage a été accueilli à sa descente d'une voiture blindée devant la porte de la Primature par plusieurs ministres et des membres du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays.
Le Premier ministre semblait en bonne santé, et a salué les personnalités qui l'accueillaient dans la cour de la Primature. Il s'est ensuite exprimé lors d'une réunion du Conseil des ministres, retransmise en direct à la télévision libyenne, au cours de laquelle il a remercié ceux qui ont contribué à sa libération. Toutefois, il n'a fourni aucun détail sur ses ravisseurs. "Nous espérons que cette question sera traitée avec sagesse et rationalité, loin de toute tension'', a-t-il fait valoir.
Âgé d'une soixantaine d'années, Ali Zeidan, avait été enlevé à l'aube à l'hôtel Corinthia, l'un des lieux les mieux protégés de la capitale, où il réside comme de nombreux hauts fonctionnaires et diplomates. Sa détention a duré environ six heures.
Un rapt pour protester contre un raid américain en Libye
Ses ravisseurs disent avoir agi pour dénoncer la participation de Tripoli à l'opération des Navy SEALs américains, qui ont appréhendé Abou Anas al Liby, un responsable d'Al-Qaïda. Ce dernier était recherché pour des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998.
"Son arrestation intervient, après que (Kerry) a indiqué que le gouvernement libyen était au courant de l'opération", a précisé un porte-parole de l'ex-milice. Et quand le secrétaire d'État américain John Kerry a confirmé cette participation, l'ancienne milice rebelle, connue sous le nom de Chambre des révolutionnaires de Libye, a décidé d'"arrêter" Ali Zeidan.
Pendant sa capture, François Hollande a condamné "de la manière la plus ferme, l'enlèvement du Premier ministre", et a réaffirmé "le soutien de la France aux autorités légitimes, issues des élections du 7 juillet 2012".
Tripoli impuissant face aux milices
Dans la matinée, le secrétaire britannique au Foreign Office, William Hague, avait quant à lui demandé la libération immédiate du Premier ministre libyen.
Le département d'État américain, qui a aussi suivi avec attention l'évolution de ce rapt, a été en contact avec "des hauts responsables américains et libyens sur le terrain".
Deux ans après le renversement et la mort de Mouammar Kadhafi, le gouvernement libyen issu de cette révolution a manifestement toujours autant de mal à imposer son autorité aux nombreux groupes armés restés actifs sur l'ensemble du vaste territoire.
Pour Geoff Porter, du cabinet de conseil North Africa Risk, l'enlèvement d'Ali Zeidan "montre, non seulement qu'il ne contrôle pas le pays, mais qu'il ne contrôle pas non plus son propre gouvernement".
L'incident pose à nouveau la question de la sécurité, et notamment celle des installations pétrolières, principale source de revenus pour Tripoli. Les prix du Brent de la mer du Nord se sont orientés à la hausse à l'annonce de l'incident.
Avec dépêches