Silencieux depuis le début de la polémique à propos des Roms, qui divise les membres du gouvernement, François Hollande a recadré ses ministres mercredi, les exhortant à faire preuve de "collégialité, solidarité (et) responsabilité".
Alors que la polémique enflait depuis plusieurs jours entre Manuel Valls et Cécile Duflot sur le dossier Roms, François Hollande a sévèrement recadré son gouvernement lors du Conseil des ministres mercredi 2 octobre.
Le chef de l'État, dont la parole était très attendue après un long mutisme, a voulu "mettre un terme définitif" à cette querelle. Il a rappelé que "la France avait des valeurs et des principes et que la politique à l'égard de la population Rom les respectait scrupuleusement", a indiqué la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, dès sa sortie du Conseil.
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait mis le feu au poudre, huit jours plus tôt, en insistant sur l’incapacité d’intégration des Roms et en estimant qu'ils avaient "vocation à retourner dans leur pays". Une déclaration qui avait suscité la colère de plusieurs responsables de gauche, à commencer par sa collègue du gouvernement Cécile Duflot. La ministre de l'Égalité des territoires et du Logement avait accusé Valls de mettre "en danger le pacte républicain".
Le président a également sommé ses ministres de faire preuve de "collégialité, solidarité (et) responsabilité". Sur le perron de l'Élysée, Najat Vallaud-Belkacem a souligné que "tout le monde avait compris", et assuré que le président de la République avait "déploré avoir à faire cette mise au point", qui vaut pour ultime avertissement.
"Ce recadrage a été clair, net et personne n'a moufté", a confié un ministre à l'issue du Conseil. Selon lui, "le président a ajouté : ‘c'est la dernière fois’". Beaucoup devaient alors avoir en tête le limogeage, le 2 juillet dernier, de Delphine Batho (Ecologie), qui avait contesté publiquement les coupes budgétaires de son ministère.
"Populations trop souvent stigmatisées"
Dans l'entourage de Manuel Valls, on assurait que ce dernier était "en harmonie avec ce qu'a dit le président Hollande, tant sur la méthode que sur le fond".
François Hollande a assuré que la politique du gouvernement tenait compte "de ces populations trop souvent stigmatisées" mais aussi de "nos concitoyens légitimement exaspérés, surtout lorsque leurs biens et leur sécurité sont en cause".
Dans le même esprit, il a concédé que "participer à un gouvernement n'efface pas les sensibilités", manière de reconnaître l'expression d'opinions politiques diverses au sein du gouvernement.
Si débat il y a, a-t-il cependant poursuivi, sans prendre partie dans le duel Valls-Duflot, il doit être soumis à son "arbitrage" et "se situer à l'intérieur du gouvernement, non sur la place publique".
Dans une allusion sibylline à la montée du Front national et aux élections municipales, François Hollande a ajouté à l'adresse de ses ministres: "Vous connaissez les menaces qui nous entourent et qui se nourrissent de la défiance".
Avec dépêches