Les quatre députés du parti grec d'extrême-droite Aube dorée, qui comparaissaient mardi, ont été inculpés pour "appartenance à une organisation criminelle". Un seul a été placé en détention provisoire.
Après des dépositions marathon de plus de 14 heures devant un juge d'instruction à Athènes, les quatre députés du parti néonazi grec Aube dorée, arrêtés le 28 septembre, ont été inculpés mercredi 2 octobre de "constitution et appartenance à une organisation criminelle".
L'un d’eux, Yannis Lagos, soupçonné d’être impliqué dans le meurtre d’un rappeur anti-fasciste, a été placé en détention provisoire, a-t-on appris de source judiciaire. Les trois autres, dont le porte-parole du parti Ilias Kassidiaris, sont en liberté conditionnelle dans l'attente de leur procès. Ils ont l’interdiction de quitter le pays.
Le musicien Pavlos Fyssas avait été assassiné le 18 septembre près d'Athènes par un membre du parti. Ce drame a bouleversé la Grèce et poussé les autorités judiciaires et policières à procéder à une vaste offensive contre Aube dorée, qui avait multiplié ces dernières années les violences contre des migrants et des militants de gauche.
Au total six des dix-huit députés du parti avaient été arrêtés le week-end dernier dans un vaste coup de filet de la police antiterroriste, dont le dirigeant d'Aube dorée Nikos Michaloliakos, et son adjoint Christos Pappas, placés en garde vueµ. Eux doivent déposer respectivement mercredi après-midi et jeudi.
Des migrants pakistanais pris pour cible
Des témoignages d'ex-membres d'Aube dorée et un rapport judiciaire, publiés lundi, mettent au jour les nombreuses "actions criminelles" du parti néonazi grec, dont des opérations coordonnées de tabassages d'immigrés.
itDes "milices d'assaut" avaient été constituées par le parti et s'en prenaient en particulier aux migrants pakistanais ces dernières années, selon des témoignages, a rapporté la presse grecque. "J'ai participé à plusieurs reprises à des actions où prenaient part 50 à 60 motos, avec deux personnes sur chacune. Celui qui était à l'arrière tenait un bâton avec le drapeau grec et frappait tous les Pakistanais qu'il rencontrait", a révélé l'un de ces ex-militants.
Aube dorée dispose, par ailleurs, d'une "structure strictement hiérarchisée, le dirigeant étant tout puissant selon le principe de Hitler, le Führerprinzip. [...] Aube dorée a commencé ces attaques en 1987, tout d'abord contre des immigrés et ensuite contre des Grecs", révèle le rapport du vice-procureur de la Cour suprême, Charalambos Vourliotis, consulté par l'AFP.
Recrutement de mineurs
Évoquant l'idéologie raciste de cette formation, le vice-procureur a souligné que "pour les membres du parti, ceux qui n'appartiennent à la 'tribu' sont des sous-hommes. Dans cette catégorie figurent les migrants, les Roms, ainsi que les handicapés".
Il a précisé qu'Aube dorée, "dont les membres bénéficient d'un entraînement de type militaire, surtout dans des régions de l'Attique [agglomération d'Athènes] a commis des dizaines d'actions criminelles" dont "deux homicides volontaires, trois tentatives d'homicide, et de nombreuses attaques contre des immigrés".
"Le phénomène le plus inquiétant est le recrutement de mineurs pour former des organisations de jeunes militants", a conclu Charalambos Vourliotis.
Nouveau projet de loi
De son côté, le gouvernement grec a annoncé, lundi, qu'il présenterait au Parlement un nouveau projet de loi contre le racisme. "Ce texte sera soumis au Parlement dans quelques jours. Il a une valeur morale et symbolique", a déclaré le vice-Premier ministre, le socialiste Evangelos Venizelos.
Le gouvernement prépare également une nouvelle loi qui mettrait fin au financement d'Aube dorée par des fonds publics, car "la démocratie n'a pas à financer ses adversaires", a poursuivi Venizelos.
Avec dépêches