Malgré la diminution des violences, rares sont les habitants de Homs qui ont le courage de retourner y vivre. L’ancien bastion rebelle, aujourd'hui contrôlé par l’armée régulière, a vu sa population divisée par cinq. Reportage de Selim El Meddeb.
Autrefois appelée "capitale de la révolution" par les rebelles, Homs est aujourd’hui en grande partie sous le contrôle de l’armée syrienne. Selim El Meddeb, envoyé spécial de FRANCE 24 a pu se rendre dans cette grande ville du centre de la Syrie, non sans avoir essuyé des tirs sur la route. Arpentant des rues quasi-désertes, il a pu y voir les stigmates de longs mois de bombardements et de combats.
Les quartiers à majorité sunnites, comme Bab el-Sbaa, théâtre d'intenses violences, se sont vidés de leurs habitants, souvent favorables à la rébellion. Avec l'équipe de FRANCE 24, des soldats de l’armée syrienne reviennent sur les lieux des combats qui les ont opposés aux rebelles.
L’un d’entre eux, Kasser, montre de grandes ouvertures creusées dans les murs de certaines habitations. C’est la technique de la maison percée, une tactique classique souvent utilisée par les guérilleros. "Les groupes armés ont percé ces trous pour pouvoir passer de maisons en maisons et attaquer l’armée", explique-t-il, adoptant la réthorique du régime de Bachar al-Assad, qui assimile les rebelles à des bandes armées ou des terroristes. "Mais nous les avons chassés d’ici", ajoute-t-il fièrement. "Maintenant, la situation revient peu à peu à la normale, les gens commencent à revenir", assure-t-il confiant.
Des militaires dénoncent la radicalisation de la rébellion
Au cœur du quartier de Bab el-Sbaa, la moquée Mreij a subi d’importants dégâts. Ali, un autre militaire syrien, affirme que des loyalistes auraient été tués par des rebelles dans ce lieu de culte, connu pour avoir servi d’abri aux combattants anti-Assad. Il dénonce une radicalisation religieuse des rebelles, qui, selon lui, aurait mis le feu aux poudres. "Ils se cachent sous le voile de l’islam", observe-t-il. "Mais quand on voit leurs actions, on a le sentiment que c'est un autre peuple, un peuple barbare", dénonce-t-il. "C'est ça leur islam ? De quel islam parlent-ils ?"
Au détour d’une rue, quelques enfants jouent au ballon. Hassan se promène non loin d’eux avec sa fille. Il fait partie de ces rares habitants qui sont revenus vivre dans le quartier. Sa fille n’a que deux ans et n’a jamais connu son pays en paix. "Tout le monde a peur pour ses enfants. C'est normal," reconnaît-il, évoquant ceux qui ont préféré partir. "Mais maintenant que l'armée syrienne est là c'est plus rassurant. De toute façon, je dois rester ici. Je n'ai pas les moyens de partir de chez moi et d'aller louer une maison ailleurs", explique-t-il fataliste. Et d’ajouter avec un brin de fierté : "au moins, moi, je vis ici dans ma maison". Homs comptait près d'un million d'habitants avant la crise. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 200 000.