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Syrie : Hollande affiche sa détermination sans se prononcer sur un vote au Parlement

Alors que François Hollande a affiché mardi sa détermination à ne pas laisser le régime syrien impuni face à l'utilisation d'armes chimiques, la classe politique française reste divisée sur la nécessité d'un vote au Parlement.

Lors d'une conférence de presse à l'Élysée, François Hollande a déclaré mardi 3 septembre qu'il était "sorti encore renforcé dans (sa) détermination" après la lecture dans le Figaro de l'interview du dirigeant syrien Bachar al-Assad. "Celles et ceux qui avaient des doutes sur les intentions de Bachar al-Assad ne peuvent plus en avoir, il parle de ‘liquider’ tous ceux qui ne sont pas d'accord avec lui", a souligné le chef de l'État.

Le président français a, en outre, déclaré que "toutes les dispositions" étaient prises pour faire face à ces menaces et qu'il s'adresserait à ses concitoyens lorsqu'il disposerait de tous les éléments en vue d'une éventuelle frappe contre la Syrie.

Prié de dire s'il soumettrait sa décision au vote du Parlement français, François Hollande a botté en touche et précisé que la France n'agirait pas seule si le Congrès américain, appelé à se prononcer sur des frappes militaires dans la semaine du 9 septembre, refusait son feu vert à Barack Obama.

"Si la décision n'était pas positive, alors la France n'agirait pas seule mais elle prendrait ses responsabilités, (y compris) en soutenant l'opposition en Syrie de manière à ce qu'une réponse soit apportée", a-t-il assuré aux côtés du président allemand.

L’UMP divisée sur le vote

Dans les rangs de l’opposition, les ténors de l’UMP pointent "l'isolement" de la France, lâchée par la Grande-Bretagne, fragilisée par la prudence des États-Unis et dans l'impossibilité de mener une action militaire privée de tout soutien de l'ONU, en raison des vetos russe et chinois. Ils réclament par ailleurs à François Hollande un vote du Parlement, à l'instar du Britannique David Cameron et de l'Américain Barack Obama. Certains députés vont même jusqu'à menacer de boycotter la séance de mercredi à l'Assemblée nationale.

Copé, l’allié inattendu de Hollande

Mais le premier parti d’opposition reste divisé sur le dossier syrien. Le président du parti, Jean-François Copé, généralement le plus prompt à dégainer contre le chef de l'État, s’est montré cette fois-ci le moins réticent envers une intervention militaire. Il s’est refusé à exiger un vote des parlementaires, estimant qu'organiser ou non une telle consultation était "le droit le plus absolu" du chef de l'État, chef des armées, adoptant ainsi une vision gaulliste classique des institutions de la Ve République. Un comité politique extraordinaire de l'UMP devait mardi tenter de clarifier les positions.

De son côté, le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, a été l'un des premiers à juger indispensable, en l'absence d'un feu vert de l'ONU, un scrutin au sein du Parlement. Sur le fond, il a fait preuve de scepticisme à la lecture de la note des services de renseignement français qui impute l'attaque chimique du 21 août au régime de Damas. Il s'agit de "raisonnement" et non de preuves, a-t-il estimé.

Marine Le Pen, pour sa part, a soupçonné le gouvernement de "construire des preuves" pour justifier une intervention déjà décidée. Le Front national, qui ne dispose pas de groupe parlementaire, n'a pas été convié à la réunion de lundi à Matignon.

Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon, comme le Parti communiste, refuse toute intervention qui transformerait Paris en "supplétif" de Washington, et estiment qu'un vote du Parlement devrait aller "de soi".

Dans la majorité, les écologistes, s'ils approuvent le principe d'une intervention, réclament eux aussi l'organisation d'un vote, une position constante de leur part en telle situation. Les radicaux de gauche laissent à François Hollande le soin de décider ou non d'un vote.

Avec dépêches