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Matignon maintient le suspense sur le financement des retraites

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a rencontré lundi les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme des retraites, a rassuré le patronat et les syndicats sans pour autant dévoiler de plan de financement.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a semble-t-il lundi 26 août rassuré les syndicats concernant l’épineuse réforme des retraites, sans pour autant répondre à toutes leurs interrogations. La question du financement reste notamment la grande inconnue.

Pour ce dernier round de consultation, qui se poursuit mardi, le chef du gouvernement français a pourtant multiplié les gages de confiance tant du côté du Medef que des syndicats de salariés.

Le Medef salue "l’ouverture"

S'il n'a pas précisé les solutions retenues pour combler les 7 milliards d'euros de déficit du régime général des retraites (salariés du privé) attendus en 2020, le Premier ministre "nous a tendu la main sur une réflexion concernant la protection sociale et le coût du travail", a indiqué devant la presse le président du Medef Pierre Gattaz.

Une réflexion qui pourrait s'engager dans "les semaines à venir" : une baisse du coût du travail, qui pourrait compenser une hausse des cotisations sociales pour financer les retraites, a assuré le patron du Medef . Ce dernier, qui est favorable à un allègement pour les entreprises des cotisations liées aux allocations familiales, a salué une "ouverture", même si Jean-Marc Ayrault n'a pas précisé quelles charges pourraient être transférées.

Un allègement qui risque de ne pas être du goût des syndicats. "Tout dépend qui paye cette cotisation famille", a observé le président de la CFTC, Philippe Louis. "Si c'est pour faire peser sur les familles, cela ne rime à rien".

Des règles de calcul conservées

Dans la même journée, les syndicats ont annoncé avoir obtenu du Premier ministre l'assurance que les règles de calcul des retraites ne seraient pas modifiées pour les générations partant d'ici à 2020, selon le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

Le chef du gouvernement a également, selon le chef de la CFDT, confirmé "la mise en place d'un compte pénibilité", permettant aux salariés exerçant des métiers pénibles de partir plus tôt à la retraite ou de se reconvertir.

Il a évoqué, selon la CFTC, un abaissement du seuil d'heures de Smic nécessaires pour valider un trimestre de cotisation (de 200 h à 150 h) et, selon la CFE-CGC, il réfléchit à un dispositif concernant la prise en compte des années d'études.

Sur le financement, "les arbitrages ne sont pas faits", a ajouté le syndicaliste. Une "réunion de travail" des ministres concernés par la réforme doit se tenir mardi en fin de journée à Matignon, selon une source gouvernementale.

La piste d'une hausse de la CSG pour financer les retraites, jugée "cohérente" il y a peu par la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, a été fragilisée ces derniers jours par le débat sur le poids de la fiscalité en France, car elle présente l'inconvénient de ponctionner les ménages.

Selon le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon, elle n'est toutefois "pas écartée". "Ça reste une hypothèse", a-t-il dit à l'issue de son entretien, mais "il peut y avoir plusieurs mesures qui viennent s'adosser les unes aux autres".

"Pas question" de cotiser plus longtemps

Dimanche sur France 2, Jean-Marc Ayrault a assuré qu'il n'était "pas question" de relever l'âge légal de départ, fixé à 62 ans. Mais retraités, actifs, entreprises, tout le monde sera mis à contribution, a-t-il réaffirmé.

À terme, le gouvernement privilégie l'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein, actuellement de 41,5 ans. Laurent Berger a évoqué une durée de "43 ans en 2035" mais jugé "hors de question" d'aller au-delà.

De nombreux élus UMP ont accusé le gouvernement de manquer de "courage", tel l'ex-ministre Bruno Le Maire qui l'a qualifié de "lâche". Le leader du Modem, François Bayrou, a pour sa part estimé qu'une hausse des cotisations serait "le même type de bricolage" que lors des réformes précédentes.

La CGT, FO, FSU et Solidaires ont d'ores et déjà appelé à une journée de mobilisation le 10 septembre.

Avec dépêches