Au lendemain de deux attentats à la voiture piégée qui ont frappé vendredi la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, et fait au moins 42 morts et environ 500 blessés, le Liban s'apprête à vivre une journée de deuil national.
Le Liban s'apprête, samedi 24 août, à observer une journée de deuil national. La veille, un double attentat à la voiture piégée à Tripoli, la capitale du nord du pays, a tué au moins 42 personnes et blessé 500 autres, selon la Croix-Rouge libanaise. Des violences qui ravivent le douloureux souvenir des attentats à la voiture piégée durant la guerre civile (1975-1990).
Dans la grande ville portuaire à majorité sunnite de Tripoli, les déflagrations ont visé lors de la prière une mosquée dans le centre et une autre près du port, distante d'environ 2 km. Les explosions, à quelques minutes d'intervalle, ont surpris les fidèles
itau moment du prêche, endommageant les lieux de culte et dévastant le secteur.
Ce double attentat survient une semaine après celui qui a fait 27 morts dans un fief du Hezbollah chiite à Beyrouth le 15 août. C'est l'attaque est la plus meurtrière depuis la fin, en 1990, de la guerre civile dans ce pays qui pâtit du conflit en Syrie voisine.
Cela risque d'exacerber les tensions confessionnelles au Liban, déjà fortes en raison du conflit en Syrie qui divise profondément le pays, placé sous tutelle du voisin syrien durant une trentaine d'années, jusqu'en 2005.
Manifestation de colère
Dès mercredi, l'armée libanaise avait annoncé être en "guerre totale" contre le "terrorisme", affirmant poursuivre depuis des mois une cellule "qui prépare des voitures piégées", dont celle du 15 août, et veut "provoquer une dissension confessionnelle".
Des centaines de personnes en colère se sont rassemblées près de la mosquée Al-Taqwa, scandant des slogans hostiles au puissant Hezbollah chiite et au régime du président syrien Bachar al-Assad.
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Une journée de deuil national a été décrétée samedi dans le pays, qui est sans nouveau gouvernement depuis cinq mois, en raison des divisions liées à la guerre en Syrie.
Le Hezbollah est engagé depuis des mois dans cette guerre aux côtés du régime d'Assad, contre les rebelles. Il est accusé par ses rivaux au Liban d'avoir entraîné le pays dans cette vague de violences.
Condamnation de la communauté internationale
"Les auteurs de la dissension ne veulent pas que les Libanais vivent en paix une seule minute, ils veulent que la machine à tuer fauche la vie d'innocents dans tout le Liban", a réagi Saad Hariri, ex-Premier ministre sunnite et rival du Hezbollah.
Les autorités syriennes ont pour leur part dénoncé un "lâche acte terroriste contre nos frères de Tripoli".
Côté occidental, les États-Unis ont condamné avec force le double attentat. "Les États-Unis pressent toutes les parties de faire preuve de calme et de retenue et d'éviter toutes les actions qui contribueraient à alimenter le cycle des violences et des représailles", selon un communiqué du département d'État.
L'Union européenne, de son côté, s'est déclarée "horrifiée". Dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité de l'ONU a "condamné fermement les attentats terroristes", et souligné "l'importance pour toutes les parties libanaises [...] de s'abstenir de toute implication dans la crise syrienne". Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a lui aussi "condamné" le "lâche" attentat.
L'ambassade des États-Unis à Beyrouth a publié un avis appelant ses ressortissants à la prudence, leur rappelant d'éviter tout voyage au Liban et demandant à ceux qui y travaillent de "considérer attentivement les risques qu'ils prennent".
"Il est clair qu'il y a une volonté de déclencher une guerre confessionnelle au Liban pour détourner l'attention de ce qui se passe en Syrie", selon Hilal Khachane, chef du département de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth. Mais "je ne crois pas que le Liban plongera dans une guerre confessionnelle car elle ne bénéficiera à personne".
Avec dépêches