
Une partie des Frères musulmans restent mobilisés malgré l’arrestation de leur guide suprême, Mohamed Badie, mardi. À Gizeh, dans le sud du Caire, les équipes de FRANCE 24 ont assisté au rassemblement d’une petite centaine de membres de la confrérie.
Quelques centaines de personnes sont réunies pour la prière au pied des pyramides. Les Frères musulmans continuent la mobilisation – même symbolique – quelques heures après l’arrestation du guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie, mardi 20 août. Mais indéniablement, le mouvement s’essouffle depuis la violente dispersion des sit-ins pro-Morsi le 14 août dernier et l’arrestation du leader de la confrérie. La manifestation de ce mardi n’a duré qu’une trentaine de minutes et n’a rassemblé que peu de monde.
Peu importe, les islamistes présents à Gizeh n’abandonnent pas la partie. Pour eux, il s’agit de défendre une cause : celle de l’islam. "Tous les Égyptiens sont des Mohamed Badie, assure Ibrahim el-Sunni, un partisan des Frères. Nous ne sommes pas les représentants d’un seul groupe. Maintenant, nous sommes tous unis dans le courant islamiste. Ce n’est pas uniquement la cause des Frères musulmans, c’est la cause de l’islam. Nous vivons une guerre totale contre l’islam."
Plus de 900 morts en cinq jours
En cinq jours, 928 personnes sont mortes au cours de violents affrontements entre, d’un côté, des partisans du président déchu, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, et de l’autre, les forces de l’ordre et des habitants hostiles aux islamistes. Cette semaine a été plus sanglante que la révolution égyptienne de 2011, qui s’était soldée par la chute d’Hosni Moubarak.
Face à ces brutalités, nombreux sont ceux qui craignent une radicalisation de certains membres de la confrérie. "Certains des partisans [des Frères musulmans] risquent de s’engager sur la voie du djihad et de mener bataille partout en Égypte sur le modèle de ce qui se passe dans le Sinaï : harceler les autorités à travers des actions terroristes", estime Antoine Basbous, le président de l’Observatoire des pays arabes, contacté mardi par FRANCE 24.
Pour l’un des manifestants, présent mardi à Gizeh, c’est exactement ce que souhaite le général al-Sissi, l’auteur du coup d’État contre Mohamed Morsi le 3 juillet : un basculement des Frères musulmans dans le terrorisme : "Le général met une pression énorme sur l’islam et les islamistes en Égypte pour les pousser à prendre les armes contre l’armée. Comme ça, il aura un prétexte et une justification pour tuer les islamistes… et même le reste des Égyptiens."