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Au lendemain du "vendredi de la colère", où 173 personnes ont trouvé la mort, le gouvernement réfléchit à "un cadre légal" qui permettrait de dissoudre la confrérie islamiste des Frères musulmans, dont est issu le président déchu Mohamed Morsi.

Le Premier ministre égyptien, Hazem el-Beblaoui, étudie les moyens légaux pour dissoudre la confrérie des Frères musulmans, a indiqué, samedi 17 août, Cherif Chaouki, le porte-parole du gouvernement. Le chef du gouvernement a soumis cette proposition au ministre des Affaires sociales, dont relève l'encadrement des activités des organisations non-gouvernementales.

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"Les ingrédients pour une guerre civile sont réunis"
Le Premier ministre égyptien propose de dissoudre les Frères musulmans

Cette annonce intervient au lendemain d’une nouvelle journée de violences durant laquelle 173 personnes ont trouvé la mort, dont 95 dans le centre du Caire, selon un dernier bilan du ministère de la Santé.

Les islamistes avaient appelé à un "vendredi de la colère" pour dénoncer la mort, mercredi, de 578 personnes, en majorité des pro-Morsi, tués dans la dispersion par l'armée et la police de leurs camps au Caire. Parmi les victimes de vendredi figure Ammad Badie, le fils du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie.

La tension restait palpable, samedi, dans la capitale égyptienne. Depuis la matinée, la police encercle une mosquée de la ville où sont retranchés de nombreux manifestants islamistes, faisant craindre une escalade de la violence dans le pays où les partisans du président déchu Mohamed Morsi appellent à de nouveaux rassemblements.

Les partisans de Mohamed Morsi, destitué par l'armée le 3 juillet dernier, doivent à nouveau descendre dans les rues après la prière de la mi-journée pour défier les autorités, qui permettent désormais à leurs hommes d'ouvrir le feu sur les manifestants violents.

Face à l'escalade des violences et à la radicalisation des deux camps, qui font craindre que le pays - sous état d'urgence - ne bascule dans le chaos, plusieurs pays européens envisagent de réexaminer leurs relations avec Le Caire.

Un millier de Frères musulmans arrêtés

Le procès Moubarak ajourné au 25 août

Le procès en appel de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak, accusé de complicité dans le meurtre de centaines d'opposants, a été ajourné au 25 août, à l'issue d'une brève audience ce samedi 17 août. Un report dû à l'absence de l'ancien raïs, de ses deux fils, Alaa et Gamal, accusés de corruption, et de l'ancien ministre de l'Intérieur Habib Adli.

En première instance en juin 2012 , Moubarak et Adli avaient été condamnés à la prison à vie pour leur rôle dans la mort de 800 personnes lors des manifestations en janvier 2011, qui avaient abouti au départ du président après 30 ans de pouvoir.

Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur a annoncé avoir arrêté pour la seule journée de vendredi 1 004 islamistes proches des Frères musulmans. Cette journée a été marquée par de nouvelles scènes de guerre, au Caire notamment, avant que les manifestations ne cessent une heure après l'entrée en vigueur du couvre-feu nocturne.

Les Frères musulmans appellent désormais leurs partisans à manifester tous les jours pour dénoncer le carnage de mercredi, journée ayant fait, selon eux, 2 200 morts (578 selon le bilan officiel). Le pouvoir mis en place par l'armée affirme désormais se battre contre un "complot terroriste" des Frères musulmans.

Vendredi, dans la capitale verrouillée par l'armée et quadrillée par des "comités populaires" de partisans du nouveau pouvoir - souvent des milices de jeunes armés -, des tirs d'armes automatiques ont retenti toute la journée, notamment autour de la place Ramsès où étaient massés des milliers de pro-Morsi.

Dans deux morgues improvisées au sein des mosquées du quartier, dont la mosquée Al-Fath, un correspondant de l'AFP et des témoins ont compté au moins 39 corps. En outre, 44 personnes ont été tuées dans d'autres provinces, dont 10 par les forces de l'ordre à Suez parce qu'une manifestation bravait le couvre-feu, selon des sources de sécurité.

"L'Égypte combat le terrorisme"

Le parti de la Liberté et de la Justice, bras politique des Frères musulmans, a dénombré 130 morts rien que dans la capitale. Le ministère de l'Intérieur a, lui, fait état de plusieurs attaques des pro-Morsi contre des postes de police, tandis que la presse se déchaînait de nouveau samedi matin contre la confrérie.

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"Aujourd'hui, c'est la tendance à l'affrontement qui l'emporte"

La télévision privée OnTV les accusait de perpétrer "un véritable holocauste", leur faisant notamment porter la responsabilité des attaques contre de nombreuses églises à travers le pays.

Les coptes, qui représentent 10 % de la population, affirment de leur côté que les forces de l'ordre n'assurent aucune protection de leurs lieux de culte, maisons et écoles, visées par une vague d'incendies et de pillages ces derniers jours. De son côté, la télévision d'État affiche en permanence un bandeau assurant, en anglais, que "l'Égypte combat le terrorisme".

Avec dépêches