Le suicide d’une Britannique de 14 ans, le 2 août, a relancé le débat sur le site ask.fm au Royaume-Uni. Ce réseau social très populaire auprès des jeunes est dans le collimateur du Premier ministre David Cameron, qui appelle au boycott.
Le réseau social ask.fm est-il néfaste pour les adolescents ? Le suicide d'une Britannique de 14 ans, victime de harcèlement sur le site, a relancé la polémique au Royaume-Uni, où le Premier ministre David Cameron a appelé au boycott de ce type de plateformes.
Le 2 août dernier, Hannah Smith s'est pendue après avoir reçu des insultes sur son physique. Selon son père, certains messages envoyés via le site, qui se base sur le principe des questions-réponses anonymes, l'incitait même à se tuer.
"Tu n’as pas le moral ? Eh bien, va te suicider !"
Depuis un an, au moins quatre adolescents, en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, se seraient suicidés pour des raisons liées à ce site qui, depuis son lancement en 2010, a attiré plus de 60 millions d'inscrits dans le monde, avec 13,2 millions d'utilisateurs quotidiens.
De fait, si les conversations tournent souvent autour des goûts des adolescents, elles peuvent aussi déraper en remarques blessantes et autres insultes.
Témoignant de cette cyber-violence, un Écossais de 14 ans a confié à l'AFP que l'une de ses amies avait eu des idées suicidaires à la suite d'une série de messages. "Rien ne semblait arrêter ces anonymes", a-t-il indiqué.
En septembre 2012, la nièce de Charron Pugsley-Hill, âgée de 15 ans, a été retrouvée pendue dans un bois près de sa maison en Irlande. La jeune fille avait été la cible sur ask.fm de critiques sur sa santé mentale et son poids. "Elle avait dit qu'elle n'avait pas le moral, et des gens lui disaient 'Et bien va te suicider, tu es une idiote qui cherche à attirer l'attention'", a expliqué Charron Pugsley-Hill.
Si la tante de la victime reconnaît que "tous les suicides sont très complexes", elle estime néanmoins que ces messages ont "été un facteur ayant contribué" à sa mort.
Le Premier ministre britannique David Cameron appelle au boycott
En réaction, plusieurs entreprises et associations, dont Specsavers, Save the Children et Vodafone, ont indiqué avoir pris les mesures nécessaires pour ne plus diffuser de publicité sur le site. Le père de Hannah Smith a pour sa part appelé à la fermeture pure et simple de la plateforme d’échanges.
"Il n'y a pas de modération. C'est devenu une plateforme pour promouvoir la haine", a de son côté accusé Anthony Smythe, directeur de BeatBullying, une association spécialisée dans la protection des jeunes sur Internet.
Face à la polémique croissante, le Premier ministre britannique David Cameron a appelé jeudi à boycotter ces types de sites. "Les gens qui gèrent ces sites doivent monter au créneau et faire preuve de responsabilité dans la façon dont ils les font fonctionner", a-t-il déclaré sur la chaîne Sky News. "Il y a quelque chose que nous pouvons tous faire en tant que parents et en tant qu'utilisateurs d'Internet, c'est de ne pas utiliser certains sites abjects. Boycottez-les, n'y allez pas, ne vous y inscrivez pas", a-t-il exhorté.
Devant l'avalanche de critiques, les frères Mark et Ilja Terebin, fondateurs du site, ont publié un communiqué pour tenter de "rassurer les utilisateurs et les parents d'utilisateurs" à propos des procédures en place permettant de signaler des contenus abusifs. "La vaste majorité de nos utilisateurs sont des adolescents très heureux", ont-ils affirmé. "Le harcèlement est un très vieux problème que nous ne tolérons en aucun cas mais si son développement sur Internet est préoccupant, il n'est certainement pas spécifique à notre site", se sont-ils défendus.
Avec dépêches