
La campagne du second tour de la présidentielle, écourtée par la proclamation tardive des résultats, est marquée par les festivités de la fin du ramadan. Un contexte où il est difficile pour les candidats de se faire entendre des Maliens.
La proclamation tardive le 7 août des résultats définitifs du premier tour de l'élection présidentielle par la Cour constitutionnelle du Mali ne laisse que très peu de temps aux deux candidats en lice, le favori Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé, arrivé second, pour convaincre les derniers indécis. La date du deuxième tour, le 11 août, offre en effet moins de 48 heures aux finalistes pour passionner des Maliens davantage portés par la fête de l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, que par la campagne présidentielle.
Le jour de trêve dans la campagne présidentielle est surtout l’occasion pour les Maliens d'envisager calmement le scrutin de dimanche. Beaucoup ne souhaitent pas voir le Mali se diviser en deux camps. "Nous voulons un Mali nouveau, c’est le souhait de tous les Maliens", assure Maïga, un Bamakois rencontré dans les rues de capitale. "Nous le voulons dans la tranquillité, la paix et la concorde", explique-t-il à FRANCE 24.
Conscients qu’il sera compliqué de rassembler les foules durant ces deux jours fériés, les candidats ont revu leur programme de campagne respectif à la baisse.
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Pas de débat télévisé
Les deux candidats ont d’abord annoncé qu’il n’y aurait pas de débat télévisé. La proposition de Soumaïla Cissé d’une confrontation programme contre programme à la télévision d’État a été déclinée par Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). "Un débat, ça prend du temps à se préparer, et nous préférons privilégier le terrain et la rencontre avec les Maliens", a fait valoir sur l’antenne de RFI Mamadou Camara, le porte-parole d'IBK. "Nous avons eu l'impression que ce débat était pour certains comme une bouée de sauvetage. Nous, nous ne voulons pas que quelqu'un se noie, mais nous pensons que ça n'est pas la question", a-t-il encore avancé.
Dans le camp des supporters de Soumaïla Cissé, pas de grands rendez-vous en perspective. "Nous n’envisageons pas de meeting pour l’instant", explique Ahmadou Koïta, l’un des porte-parole de Soumaïla Cissé, à Laurent Correau, envoyé spécial de RFI au Mali. "Nous effectuerons surtout des prises de parole sur les antennes, quelques caravanes vont circuler et il y aura des jeunes qui vont faire du porte-à-porte", ajoute-t-il.
Même économie de moyen dans le camp d’Ibrahim Boubacar Keïta. Si deux meetings sont maintenus à Bamako et à Sikasso, la campagne du second tour est réduite à sa plus simple expression. "On avait prévu d’aller dans plusieurs régions, explique Mahamadou Camara. Notre candidat devait être dans un endroit différent chaque jour avec un final à Bamako. Mais là, nos plans ont été bousculés."
Dans ces conditions, difficile pour le candidat challenger Soumaïla Cissé de rattraper son retard. L’économiste de 63 ans, ex-ministre des Finances, compte sur une large mobilisation des électeurs.