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Environ 2 000 Thaïlandais ont manifesté, ce mercredi, contre un projet de loi qui prévoit d'amnistier les militants politiques fidèles à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.

L’ambiance dans la capitale thaïlandaise avait des airs de déjà-vu mercredi 7 août. Près du Parlement, 2 000 personnes ont manifesté à l’appel de l’opposition contre un projet de loi d'amnistie très controversé. Depuis des années, la Thaïlande vit au rythme d'immenses manifestations, dont plusieurs sont déjà parvenues à faire chuter des gouvernements. Ce fut notamment le cas au printemps 2010 lorsque 100 000 "chemises rouges" fidèles à l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois, demandant le départ du gouvernement Abhisit. La crise, la pire qu'ait connue la Thaïlande moderne, avait fait 90 morts et 2 000 blessés.

Cette fois-ci, la mobilisation fut moindre mais la détermination des manifestants inquiète. Menés par l'ancien Premier ministre et leader de l'opposition Abhisit Vejjajiva, les manifestants ont été bloqués à 200 mètres du Parlement protégé par plusieurs centaines de policiers, des barrières de barbelés, des blocs de béton et des canons à eau.

N’ayant pu atteindre le Parlement, les manifestants se sont rapidement dispersés dans le calme. "Nous ne pouvons pas nous précipiter dans ce combat, qui sera long (...). Nous devons être prudents", a déclaré Abhisit. "Mais pourquoi ce gouvernement veut-il blanchir ceux qui ont violé les droits de l'Homme ?", a-t-il dénoncé en référence au projet de loi qui divise.

Crainte d’un retour de Thaksin

Le texte présenté par le parti au pouvoir, dont l'examen a commencé mercredi 7 août, prévoit d'amnistier les militants politiques impliqués dans les mouvements qui ont secoué le royaume depuis le coup d'État contre Thaksin en septembre 2006, jusqu'en mai 2012.

Si le projet exclut a priori les dirigeants des divers mouvements, ses opposants craignent qu'elle ne permette le retour de leur ennemi juré, Thaksin, en exil pour échapper à deux ans de prison pour malversations financières. Abhisit est lui-même poursuivi pour meurtre pour sa responsabilité dans cette crise, mais aucun militaire n'a été inculpé. De nombreux leaders rouges sont en revanche poursuivis pour terrorisme.

Mardi 6 août, l'ONU avait appelé le gouvernement à s'assurer que l'amnistie exclurait les responsables des "graves violations des droits de l'Homme" lors de ces violences.

En prévision des rassemblements, le gouvernement dirigé depuis 2011 par la sœur de Thaksin, Yingluck Shinawatra, a imposé dans trois districts du centre historique de Bangkok, où se trouve le Parlement, la Loi de sécurité intérieure (ISA), qui permet notamment l'instauration d'un couvre-feu, la fouille de bâtiments et la censure des médias.

L'an dernier, le camp Thaksin avait déjà tenté de présenter une loi d'amnistie, avant de la reporter pour éviter une crise politique.

Avec dépêches