Le président américain Barack Obama a déclaré à Prague dimanche que le projet critiqué de bouclier antimissile en Europe, initié par son prédécesseur, serait maintenu sauf si la menace iranienne disparaissait.
AFP - Le président américain Barack Obama a assuré dimanche que le projet controversé de bouclier antimissile en Europe, initié par son prédécesseur et auquel tiennent la République tchèque et la Pologne, serait maintenu, sauf si la menace iranienne disparaît.
"La République tchèque et la Pologne ont fait preuve de courage en acceptant d'accueillir des éléments de défense contre ces missiles. Tant que la menace de l'Iran persistera, nous avons l'intention d'aller de l'avant avec un système de défense antimissile" dont les coûts soient maîtrisés et dont l'intérêt soit "prouvé", a-t-il dit à Prague.
"L'activité de l'Iran dans le nucléaire et en matière de missiles balistiques constitue une réelle menace, pas seulement pour les Etats-Unis, mais pour les voisins de l'Iran et pour nos alliés", a-t-il averti.
Cependant, la nouvelle politique de dialogue de Washington avec Moscou soulève l'inquiétude des dirigeants tchèques et polonais.
Ces derniers ont soutenu le programme et signé des accords préalables sur l'installation d'un radar et d'un silo antimissile sur leur sol, malgré les protestations véhémentes des Russes.
Aussi, la visite du président américain, sa première en Europe de l'Est, était-elle très attendue pour faire le point sur un dossier resté en suspens depuis son arrivée à la Maison Blanche. La question a été abordée dimanche matin au cours d'un entretien bilatéral.
"Je pense que le président Obama a fait savoir clairement que le projet anti-missile ne sera pas abandonné", a dit le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek au cours d'une conférence de presse, en soulignant que l'objectif était de "réduire l'usage de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques en Iran".
Si la menace disparaît, "nous pourrons aller danser sur la place Wenceslas" à Prague et "stopper les projets comme la base antimissile", a-t-il ajouté, sans cacher ses doutes sur cette perspective évoquée par M. Obama.
Officiellement conçu pour contrer les tirs balistiques de longue portée provenant de pays lointains comme l'Iran, le projet vise surtout, dans l'esprit des libéraux tchèques et polonais, à mieux ancrer à l'ouest les deux anciens pays communistes autrefois sous tutelle du Kremlin.
"La stratégie n'est pas seulement motivée par les missiles de longue et moyenne portée mais aussi par ceux de courte portée", a ainsi dit M. Topolanek. Un tir de "courte portée" signifie qu'il vient d'un pays plus proche - comme par exemple la Russie.
A ces craintes, le président américain avait déjà indirectement répondu dans son discours en appelant au désarmement nucléaire global et en répétant sa volonté d'ouvrir de nouvelles négociations avec Moscou.
"Nous sommes là aujourd'hui parce que suffisamment de personnes ont ignoré les voix de ceux qui leur disaient que le monde ne pouvait pas changer", a-t-il dit sous les applaudissements de la foule, essentiellement composée de jeunes.
La Révolution de velours, qui a permis la chute pacifique du communisme à Prague en 1989, nous "a montré que des petits pays peuvent avoir un rôle pivot dans les événements mondiaux et que les jeunes peuvent mener sur le chemin de la résolution des vieux conflits", a-t-il dit.
L'opinion tchèque affiche une hostilité persistante au projet de radar: deux tiers de la population est contre, selon les sondages.
Une petite manifestation anti-radar a rassemblé environ 300 personnes au centre de Prague dimanche après-midi. Dans la matinée, de jeunes manifestants masqués et costumés de blancs se sont postés sur le chemin du cortège officiel avec des pancartes "Oui nous pouvons dire non au radar antimissile" parodiant le slogan de campagne de M. Obama "Yes we can".