Un policier outré par la couverture du magazine "Rolling Stones" sur Djokhar Tsarnaev a publié, jeudi, des photos prises lors de l’arrestation de l’auteur présumé des attentats de Boston. Objectif : montrer le "vrai visage" du terrorisme.
Djokhar Tsarnaev, 19 ans, le visage ensanglanté, peine visiblement à se tenir droit. Aveuglé par les projecteurs de la police du Massachussetts, le co-auteur présumé du double attentat meurtrier du marathon de Boston, est adossé au bateau où il avait trouvé refuge, le 19 avril dernier, afin d’échapper à une vaste chasse à l’homme.
Un point laser rouge vissé au milieu du front du jeune Américain d’origine tchétchène évoque la présence hors-champ d’un sniper de la police. Le regard baissé de Djokhar Tsarnaev et ses mains bien en évidence complètent le tableau d’une scène intemporelle : la fin de cavale d’un homme traqué, quatre jours après l'attentat.
C’est précisément pour montrer la fin pitoyable de Djokhar Tsarnaev que le sergent Sean Murphy a envoyé, sans autorisation, des centaines de photos de l’arrestation au "Boston Magazine". Photographe pour la police d’État du Massachussetts, l’officier fait partie des nombreux Américains choqués par la dernière Une du magazine "Rolling Stones". Mèche rebelle et regard mélancolique, la photo du terroriste présumé, qui risque la peine de mort, évoque plus un rebelle rock'n'roll à la Jim Morrison que les djihadistes barbus façon Oussama Ben Laden.
Montrer Tsarnaev sous un jour moins avantageux
"Ce type est diabolique. Voici le vrai terroriste de Boston. Pas quelqu’un de bien arrangé pour la couverture de 'Rolling Stones'", affirme Sean Murphy sur le site du Boston Magazine. Conscient que la publication de ces photos pourrait lui coûter sa place, l’officier justifie aussi sa décision par la volonté de dissuader d’éventuels futurs terroristes.
"La vérité est que rendre glamour le visage du terrorisme n’est pas seulement une insulte aux familles des agents tués pendant leur service, ça pourrait aussi inciter des gens instables à faire quelque chose de similaire pour avoir leur visage en Une de 'Rolling Stones'", ajoute Sean Murphy sur le site du Boston Magazine.
Une explication qui n’a apparemment pas convaincu ses supérieurs. Le policier-photographe a été suspendu jeudi soir tandis que la police du Massachussetts annonçait l’ouverture d’une enquête interne.