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Égypte : l'ex-président Morsi visé par une enquête criminelle

La justice égyptienne a enregistré plusieurs plaintes accusant Mohamed Morsi et des responsables islamistes d’espionnage et d’incitation à l’assassinat de manifestants. L'ancien président n'a pas encore été officiellement inculpé.

Une enquête pénale a été ouverte samedi 13 juillet pour espionnage, incitation à la violence et destruction de l'économie à l'encontre du président Mohamed Morsi écarté du pouvoir par l'armée il y a 10 jours en Égypte. Les services du procureur général ont publié un communiqué affirmant avoir reçu des plaintes visant l'ancien président et huit autres responsables islamistes dont le chef de file des Frères musulmans, Mohamed Badie. Le parquet n'a en revanche pas précisé d'où émanaient les plaintes.

Le chef de l'État, détenu depuis le 3 juillet par les militaires dans un lieu tenu secret, sans doute dans les locaux de la Garde républicaine au Caire, n'a pas été officiellement inculpé pour le moment. "On pouvait s'attendre à ce genre d'accusations, c'est un moyen pour les autorités de justifier la détention de Mohamed Morsi", explique Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 au Caire. "Peut-être l'armée cherche-t-elle une justification légale à sa détention. En tous cas, pour les Frères musulmans, tout cela est un complot qui vise à réprimer l'existence même de leur mouvement", ajoute-t-elle.

Le dépôt des plaintes est la première étape de la procédure pénale, permettant au ministère public d'entamer des investigations qui pourraient déboucher sur des inculpations. L'annonce faite samedi par le parquet est relativement inhabituelle car celui-ci attend d'ordinaire d'avoir procédé à des inculpations pour annoncer publiquement l'existence d'une procédure judiciaire.

Poursuite des manifestations

Badie et plusieurs autres membres de la confrérie, qui pour la plupart ont été interpellés par la police, doivent déjà répondre d'accusations pour incitation à la violence retenues contre eux cette semaine.

Gehad El Haddad, porte-parole des Frères musulmans, a qualifié d'absurdes les accusations des autorités, qu'il a jugées elles-mêmes responsables des violences.

La confrérie a appelé samedi ses membres à une poursuite des manifestations la semaine prochaine pour exiger le rétablissement de Mohamed Morsi dans ses fonctions.

Plus de 90 personnes ont été tuées dans les violences qui ont fait suite à sa mise à l'écart le 3 juillet après plusieurs jours d'une contestation de grande ampleur demandant le départ du chef de l'Etat issu de la confrérie islamiste. Des dizaines de milliers de partisans de l'ex-président se sont à nouveau rassemblés dans la nuit de vendredi à samedi avant de se disperser pacifiquement au lever du jour.

Avec dépêches