
Dans un procès très attendu, la justice américaine a reconnu Apple coupable d'avoir conspiré avec plusieurs maisons d’édition pour relever le prix des livres électroniques. La marque à la pomme a fait appel.
Apple conspirateur en chef pour infliger une claque numérique à Amazon sur le marché de l’e-édition. Un tribunal new-yorkais a, en effet, reconnu, mercredi 10 juillet, la marque à la pomme coupable d’entente illégale avec cinq géants de l’édition - Hachette, HarperCollins, Simon & Schuster, Macmillan et Penguin Group - pour vendre les livres électroniques plus chers que sur Amazon et mettre à mal le modèle économique du géant de la distribution en ligne.
Au cœur de cette bataille juridique, débutée en avril 2012, se trouve le système de fixation des prix introduit lors du lancement de l’iPad en janvier 2010. Cette tablette tactile a permis aux éditeurs de reprendre la main sur les tarifs des livres électroniques tout en laissant au géant de Cupertino (Californie) une commission de 30 % sur chaque transaction.
Grâce à ce nouveau modèle économique, les éditeurs ont pu faire pression sur l’autre géant du secteur, Amazon, qui dominait jusque-là le marché et imposait ses propres prix, comme l’a démontré le procès. Soit il s’alignait sur les pratiques du créateur de l’iPad, soit les maisons d'édition le priveraient des nouveautés pendant plusieurs mois. Pour elles, c’était du pain béni : d’après la décision du tribunal new-yorkais, Apple s’était entendu avec eux pour que les nouveautés et “best-sellers” soient vendus à 12,99 ou 14,99 dollars. Un tarif bien supérieur aux 9,99 dollars qu’Amazon avait réussi à imposer au monde de l’édition.
La justice américaine a également trouvé mauvaise pour la concurrence une autre clause imposée par Apple aux éditeurs. Ces derniers devaient garantir que l’iBookStore bénéficiait des meilleurs prix : ils n’avaient pas le droit de vendre leurs livres numériques moins chers ailleurs.
Apple fait appel
Durant le procès, Apple a nié une quelconque collusion avec les éditeurs. “Je me suis battu sur un nombre incroyable de points avec chacun, s’ils s’étaient parlés pour avoir une ligne commune, cela aurait été beaucoup plus simple”, a affirmé Eddy Cue, l’un des responsables d’Apple qui était en charge de s’assurer que la librairie en ligne d’Apple soit prête pour le lancement de l’iPad.
Mais des mails internes, des témoignages et même des interview de Steve Jobs, l'ex-PDG d’Apple décédé fin 2011, fournis dans le dossier d’accusation semblent avoir convaincus la juge. Ainsi, dans un courrier électronique, en date de 2010, Steve Jobs réagissait à l’annonce d’un désaccord tarifaire entre une maison d’édition et Amazon en se réjouissant “d’avoir vraiment mis le feu au poudre” chez son concurrent.
Conscients des risques du procès, les cinq maisons d'édition qui étaient également poursuivies ont toutes trouvé un accord avec les autorités américaines avant l'ouverture de l'audience, début juin.
Apple s'est donc retrouvé seul face au juge. Elle a renvoyé la question de l’amende à payer à un autre procès dont la date n’a pas encore été fixée. L’addition finale pourrait être salée pour Apple, car le groupe a été reconnu coupable de violation des lois américaines de la concurrence et d’avoir, en faisant monter les prix, fait du tort aux sacro-saints consommateurs. Le géant de Cupertino a annoncé, dans la foulée du verdict, qu’il faisait appel du jugement.