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Meeting Areva : Myriam Soumaré, force tranquille du sprint français

Le meeting Areva organisé au Stade de France accueille ce soir les plus grandes stars de l’athlétisme mondiale. À l’occasion de ce rendez-vous, rencontre avec Myriam Soumaré, la patronne du sprint féminin français.

Dans l’hôtel parisien qui accueille les athlètes du meeting Areva, l’agitation est palpable. À la veille de l’événement qui se déroule samedi 6 juillet au Stade de France, sportifs, journalistes et simples curieux à l’affut d’autographes se pressent dans le hall. Dans un coin, le champion français Christophe Lemaitre, teeshirt de Superman sur le dos, discute avec une autre participante. Un peu plus loin, c’est la triple championne olympique éthiopienne Tirunesh Dibaba qui attire tous les regards.

No stress

Dans ce brouhaha général, Myriam Soumaré descend tranquillement de sa chambre après une petite séance de massage. Grand sourire aux lèvres, la sprinteuse , originaire de Villiers-le-Bel, en région parisienne, ne cache pas sa joie d’être à ce rendez-vous. "J’ai fait Rome récemment, j’ai aussi couru en Norvège, mais être ici à Paris... c’est autre chose devant son public. J’ai mes frères et sœurs qui vont venir. J’ai envie de sortir une belle course, mais comme d’habitude je vais prendre le meeting comme il vient", explique-elle en toute simplicité.

Pourtant, la Française va avoir fort à faire sur la piste du Stade de France. Alignée sur le 100 m, elle va se mesurer à la double championne olympique, la Jamaïquaine Shelly-Ann Fraser, à la Bulgare Ivet Lalova ou encore à l’Ivoirienne Murielle Ahouré. Malgré cette concurrence de premier choix, Myriam ne montre aucun stress : "Je n’ai pas encore vu la start-list. Franchement, je m’en fiche un peu. Mon but c’est de faire une belle course. Je ne vais pas me mettre de pression par rapport aux filles qu’il y a ou pas".

La sprinteuse va simplement profiter de ce meeting pour parfaire sa préparation avant les Championnats de France organisés le week-end prochain et les Championnats du Monde qui se dérouleront du 10 au 18 août à Moscou. À un mois de la compétition internationale, Myriam n’est pas encore qualifié : "Il faut que j’aille chercher les minimas sur 100 et 200 m. Comme chaque année, je prends toujours un peu de temps pour les réaliser, donc je ne m’inquiète pas trop. Je sais que j’ai une bonne préparation hivernale et estivale. Je sais que le chrono va sortir, mais quand ? Surprise !", lâche-telle dans un grand éclat de rire.

L’athlétisme pour rigoler

L’athlète fait preuve d’une incroyable décontraction depuis ses débuts sur la piste. Sans aucune expérience sportive, Myriam n’a débuté l’athlétisme qu’à l’âge de 18 ans. Repérée par son ancien surveillant au collège de Sarcelles, en banlieue parisienne, devenu depuis son entraîneur, elle n’était pas vraiment emballée au départ par le monde de la course: "Le déclic n’est venu qu’aux Championnats du Monde à Berlin en 2009. Je me suis fait éliminer en quarts car je n’étais pas dedans. Depuis cette compétition, je me suis réveillée. Avant, c’était pour rigoler et je m’amusais".

Rattrapée par le goût de la victoire, la jeune femme décide de se consacrer enfin sérieusement à sa discipline. Des efforts qui payent. En 2010 à la surprise générale, elle décroche le titre de Championne d’Europe sur 200 m à Barcelone. Deux ans plus tard à Londres, elle réussi aussi l’exploit de se qualifier pour la finale olympique. "Ce jour là, je faisais partie des meilleures mondiales. J’ai fini septième. C’était juste génial. Cela m’a donné encore plus confiance en moi", raconte Myriam, les yeux encore pétillants.

Avec sa joie débordante et communicative, la sprinteuse, née de parents mauritaniens, a aussi su s’attirer les faveurs du public français. D’un naturel entier, cette musulmane  revendique sa double culture : "J’assume complètement. Je porte le foulard dans la vie, mais arrivée sur la piste, je l’enlève. Plus par question de confort, sinon ce n’est pas très agréable. Si des gens ont des questions à poser à ce sujet, je leur réponds sans aucune gène".

Assistante en puériculture dans une crèche à Sarcelles, la championne a réussi à concilier ses deux passions. Pour elle, il y a une vie en dehors des stades. "Là, je suis détachée de la crèche depuis le mois de mars, mais je vais recommencer à travailler à la fin de la saison [en septembre, octobre NDLR] . Penser à l’athlétisme toute la journée, ce serait trop dur. Il faut des moments où je retrouve les enfants et mes collègues. Je ne veux plus qu’on me parle de chronos, de minimas ou de me sélections !", insiste-t-elle avec malice.

En attendant de devenir éducatrice, son grand rêve, Myriam profite de cette parenthèse sportive. À 26 ans, toujours aussi étonnée par ses performances, elle prend simplement chaque course les unes après les autres : "Je ne suis entourée que de stars et de médaillés olympiques. Je vis des trucs super. Il n’y a aucune raison de tirer la tronche !".