Interrogé par un hebdomadaire en vogue chez les jeunes Iraniens, le président élu Hassan Rohani a livré un point de vue progressiste sur la liberté d’expression, les réseaux sociaux et la discrimination contre les femmes faite dans son pays.
"À l’heure de la révolution numérique, nul ne peut vivre ou gouverner dans l’isolement". Dans un entretien publié mardi 2 juillet par "Chelcheragh", un hebdomadaire iranien prisé par la jeunesse et proche des réformateurs, le président élu Hassan Rohani a envoyé une série de messages d’apaisement aux jeunes générations de son pays. Il a notamment abordé les questions de la liberté d’expression, sur les réseaux sociaux notamment, de la discrimination contre les femmes et de la tenue islamique qui leur est imposée.
Dans ses propos tenus à "Chelcheragh, et
traduits par le quotidien britannique "The Guardian", Hassan Rohani a particulièrement insisté sur la censure d’Internet pratiquée par les autorités iraniennes, estimant qu’elle n’est motivée que par des raisons politiques.
Facebook, un "phénomène bienvenu"
"Ils ont peur de la liberté à laquelle les gens goûtent lorsqu’ils sont en ligne, d’où leurs tentatives de restreindre l’accès à l’information, mais le filtrage est inutile", a ainsi déploré Hassan Rohani. Aussi a-t-il demandé aux tenants de la surveillance du monde virtuel quelle information de premier ordre avaient-ils réussi à cacher, ces dernières années à la population. Selon lui, "le filtrage n’a même pas permis d’empêcher les gens d’avoir accès à des sites contraire à l’éthique [en référence aux sites pornographiques, NDLR], la généralisation du filtrage ne fera qu’accentuer la méfiance entre le peuple et l’Etat".
En mars, une nouvelle étape en matière de censure de la Toile avait été franchie. Les autorités iraniennes ont bloqué tous les VPN, les réseaux virtuels privés, qui échappaient au contrôle de l'Etat. Ces outils étaient alors largement utilisés par les internautes pour contourner le filtrage mis en place sur le Web par le régime. Leur interdiction avait pour finalité de rendre encore plus difficile l'accès à de nombreux sites étrangers à commencer par les réseaux sociaux.
À ce propos, le président élu a estimé que Facebook était un "phénomène" et qu’il était "bienvenu", reprenant à son compte une citation de l’ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani.
Hassan Rohani a également égratigné IRIB, la télévision publique nationale, porte-voix du régime des mollahs. "Quand la télévision d’État diffuse un programme sur la naissance d’un panda dans un zoo chinois, au lieu de montrer des travailleurs qui manifestent parce qu’ils n’ont pas été payés depuis six mois, il est évident que la population et la jeunesse vont l’ignorer", a-t-il déclaré, non sans ajouter que "la solution est de garantir la liberté d’expression".
La condition des femmes
Sur un sujet autrement différent, mais tout aussi sensible, le successeur de Mahmoud Ahmadinejad s’est dit opposé à la répression menée contre les femmes qui négligent le port du hijab (le voile islamique), imposé par la République islamique. "Je suis contre ces actions, si une femme ou un homme ne se conforme pas à nos règles vestimentaires, leurs vertus ne devraient pas être remises en cause, explique le religieux à l’hebdomadaire iranien. À mon sens, dans notre société, beaucoup de femmes qui ne respectent pas nos lois sur le hijab sont vertueuses, par conséquent, nous devons mettre plus l’accent sur la vertu".
De même, Hassan Rouhani s’est prononcé contre la ségrégation entre les hommes et les femmes, y compris dans les universités. Il s’est enfin élevé contre l’interdiction faite aux femmes d’aller assister à des matchs de football dans les stades, aux côtés des hommes.