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Plusieurs dizaines de gradés de l'armée de Bachar al-Assad font défection

Plus de 70 officiers ont quitté l'armée du régime de Bachar al-Assad cette semaine pour venir grossir les rangs de l'Armée syrienne libre, selon Ankara. Il s'agit du plus vaste mouvement de désertion de ces derniers mois.

Quelque 70 officiers, dont six généraux et 22 colonels, ont déserté l’armée de Bachar al-Assad au cours de ces trois derniers jours pour se rendre en Turquie, a annoncé Ankara. Il s’agit de la vague de défection la plus importante de ces derniers mois au sein de l’armée régulière syrienne.

Pour Riad Kahwali, président de l’Inegma, un institut militaire basé au Proche-Orient, ces défections prouvent la mauvaise gestion de l’armée de Bachar al-Assad. "À la moindre occasion, les soldats, les officiers font défection. Pourtant, il n’est pas facile de passer à l’action. Dans leurs casernes, ils sont surveillés de près par la sécurité militaire, par les renseignements, témoigne-t-il sur l’antenne de RFI. Si les services ont le moindre doute au sujet d’un militaire, ils peuvent l’exécuter sur le champ".

"Il y a aussi un autre élément qui doit être pris en considération par ceux qui veulent faire défection : ils doivent d’abord s’assurer que leurs proches se trouvent en lieu sûr. Sinon le régime n’hésitera pas à se venger sur leurs familles", poursuit l’analyse pour qui ces désertions illustrent une perte de contrôle de Damas sur ses troupes.

"Aide militaire directe" aux insurgés

Ce récent mouvement de gradés syriens vers la Turquie intervient alors que les États-Unis ont annoncé jeudi qu’ils accorderaient une "aide militaire directe" aux insurgés syriens, sans en préciser la nature. L’Union européenne avait, en mai, décidé de lever l’embargo sur les armes à destination de l’opposition.

Les Occidentaux ont jusqu’à ce printemps été réticents à l’idée de fournir des armes aux rebelles en Syrie, de peur qu’elles tombent entre les mains d’islamistes radicaux. Mais la récente avancée militaire du régime, appuyé par le mouvement chiite libanais Hezbollah, les a contraints à réétudier leur position dans l'urgence.

Sur le terrain, l'aviation et l'artillerie du régime bombardent comme chaque jour des poches rebelles à Damas et dans ses environs, où les insurgés maintiennent leurs positions, ainsi que dans d'autres régions, notamment celle de Homs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La Syrie a été au centre des discussions entre le président américain Barack Obama et ses homologues européens en prévision du sommet du G8 qui se tient lundi et mardi en Irlande du Nord et où les puissances débattront des moyens d'en finir avec le conflit dévastateur qui a fait plus de 93 000 morts selon l'ONU.
 

Avec dépêches