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Fin de cavale pour le braqueur Redoine Faïd

La police a arrêté le braqueur Redoine Faïd, en cavale depuis six semaines, dans un hôtel de Seine-et-Marne. L'évadé de la maison d'arrêt de Sequedin (Nord) a été mis en examen et est retourné en prison mercredi soir.

Redoine Faïd, l'homme le plus recherché de France depuis sa spectaculaire évasion de la maison d'arrêt de Sequedin (Nord) le 13 avril, est retourné en prison mercredi soir, cette fois en région parisienne, après son interpellation en Seine-et-Marne puis sa mise en examen à Lille.

Ce spécialiste des braquages à l'explosif s'était échappé en faisant sauter plusieurs portes de la prison. Revêtu d'une tenue de gardien, il avait braqué les surveillants avec une arme et pris quatre d'entre eux en otage, avant de les relâcher lors de sa fuite en voiture.

Pour ces forfaits, Redoine Faïd s'est vu signifier par un juge d'instruction quelque "neuf chefs de mise en examen" mercredi à Lille, a déclaré à l'AFP le procureur de la République, Frédéric Fèvre.

Le braqueur est "reparti vers 18H30 pour un grand établissement (pénitentiaire) de la région parisienne", a ajouté M. Fèvre, sans préciser lequel.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait fait état le 20 mai d'une "traque mondiale" pour retrouver Redoine Faïd. Son signalement avait été transmis à Interpol et à toutes les polices de l'espace Schengen.

Les policiers l'ont finalement arrêté en région parisienne, dans un hôtel de Pontault-Combault, à 15 km de Villiers-sur-Marne où Faïd est accusé d'avoir participé avec d'autres braqueurs à une fusillade qui a coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet le 20 mai 2010. Elle est d'ailleurs enterrée à Pontault-Combault.

Brièvement interrogé par la police à Nanterre (Hauts-de-Seine), Redoine Faïd a ensuite été transféré au palais de justice de Lille, où il était arrivé peu après 15H30, dans le cadre du mandat d'arrêt européen pris lors de son évasion par un juge de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille.

Le procureur a laissé entendre que Redoine Faïd était devenu vulnérable.

"Lorsque l'on est en cavale, il faut avoir d'une part beaucoup d'argent, et d'autre part il faut se séparer de tous ses proches. Je pense que ces deux conditions n'étaient pas réunies", a expliqué Frédéric Fèvre lors d'une conférence de presse dans l'après-midi, tout en refusant de donner plus de détails sur la manière dont le braqueur a été localisé.

"Il a beaucoup circulé pendant six semaines"

"Je n'ai pas du tout été surpris qu'il ait été arrêté en région parisienne. C'était fortement probable, compte tenu des attaches qu'il avait" dans cette zone, a précisé le procureur.

En revanche, "on n'a pas d'idée précise pour l'instant" du parcours de Redoine Faïd entre son évasion et son arrestation.

"A l'évidence, il a beaucoup circulé pendant six semaines", a cependant dit le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à i-Télé. Cela a été confirmé par des sources policières qui pensent qu'il s'est trouvé à l'étranger "à un moment donné" (la prison de Lille-Sequedin est proche de la Belgique) et n'a "pu résister au fait de revoir sa famille et surtout son fils qu'il adorait", ce qui a pu "précipiter sa chute".

Un de ses complices d'évasion, âgé de 29 ans, a également été interpellé. Des armes ont été trouvées par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (Oclco) qui se demandent si Faïd ne s'apprêtait pas à "remonter au braquage".

Les enquêteurs ont acquis au "cours des dernières 24 heures", "la quasi-certitude" que Redoine Faïd se cachait dans un discret hôtel B&B aux abords de la Francilienne, a dit à la presse le Directeur central de la police judiciaire (DCPJ) Christian Lothion, soulignant que son arrestation était "le fruit d'un travail fait par de grands professionnels sans relâche depuis six semaines".

"C'est un point de chute que nous avons découvert au cours des dernières 24 heures et qui était le sien depuis quelques jours", a poursuivi le patron de la PJ française.

L'ex-braqueur avait changé son apparence physique : "Il était perruqué, barbu et portait des lunettes", a précisé M. Lothion.

Le procureur de Lille a souligné la dangerosité de Redoine Faïd, qui a justifié l'importance des moyens engagés pour le retrouver, "jamais moins de 60 personnes par jour".

Manuel Valls, qui avait dénoncé les "failles" ayant permis l'évasion de Faïd, a félicité ses troupes pour leur "enquête minutieuse et efficace".

Faïd va retourner derrière les barreaux mais l'enquête n'est pas terminée. Elle devra établir les complicités dont il a bénéficié durant sa fuite et lors de cette évasion visiblement préparée avec minutie.

Parmi les chefs de mise en examen déjà communiqués après l'évasion de Redoine Faïd et rappelés mercredi par M. Fèvre, figurent notamment "évasion avec usage d'une arme ou d'une substance explosive, commise en bande organisée et en récidive légale", "détention" et "port d'armes de première catégorie", "détention et transport d'engins explosifs", "destruction volontaire de biens", "arrestation", "enlèvement" et "séquestration d'otages", "violences volontaires" et "association de malfaiteurs".

Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, a souligné le procureur.

AFP