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Affaire Tapie/Adidas : le juge Estoup et l'avocat de Tapie placés en garde à vue

Le juge Pierre Estoup, membre du trio-arbitral ayant accordé 403 millions d'euros à Bernard Tapie en 2008 ainsi que Maurice Lantourne, l'avocat de l'homme d'affaires, ont été placés en garde à vue.

L'enquête sur l’affaire opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais sur la vente d’Adidas s'accélère. L'avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, ainsi que le juge Pierre Estoup, membre du trio-arbitral, ont été placés en garde à vue, respectivement les 28 et 27 mai, selon une source judiciaire confirmant une information de Mediapart. En 2008, le tribunal avait octroyé 403 millions d’euros à l’homme d’affaires.

Les enquêteurs du pôle financier soupçonnent le magistrat, premier président honoraire de la cour d'appel de Versailles à l'époque, de ne pas avoir fait état, au moment de l’arbitrage favorable à Bernard Tapie, d’anciens liens professionnels avec Me Maurice Lantourne, avocat de l'homme d'affaires.

Aux yeux du député Charles de Courson, ce défaut d'information relève d'un conflit d'intérêts susceptible de remettre en cause la légalité de l'arbitrage dont a bénéficié Bernard Tapie.

Pierre Estoup est par ailleurs intervenu à la demande de Me Lantourne dans deux autres arbitrages, en 1999 et 2001.

Nombreuses perquisitions

Depuis septembre 2012, les trois juges du pôle financier parisien, Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, conduisent une information judiciaire pour "usage abusif de pouvoirs sociaux et recel de ce délit" au préjudice du Consortium de réalisation (CDR). De nombreuses perquisitions ont été réalisées notamment aux domiciles de Bernard Tapie et de Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, aux cabinets de Me Lantourne.

Les policiers ont également perquisitionné les domiciles des trois juges arbitraux : Pierre Estoup, Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel et l'avocat Jean-Denis Bredin. La résidence et le bureau de Claude Guéant, ex-secrétaire général de l'Elysée, ont également été fouillés par les forces de l'ordre.

Parallèlement, une procédure a été engagée devant la Cour de Justice de la République (CJR) contre l'ex-ministre de l'EÉconomie Christine Lagarde, qui avait pris fin 2007 la décision de recourir à cet arbitrage pour solder le contentieux.

L’actuelle présidente du Fonds monétaire international avait pris la décision de l'arbitrage puis refusé un recours contre la décision du tribunal. Christine Lagarde est visée par une enquête pour "complicité de faux et de détournement de fonds publics". Entendue durant deux jours la semaine dernière, la patronne du FMI a été placée sous statut de témoin assisté le 24 mai.

FRANCE 24 avec dépêches