À deux jours du vote solennel sur le mariage homosexuel à l'Assemblée nationale, des dizaines de milliers d'opposants - 45 000 selon la police - ont à nouveau défilé ce dimanche dans les rues de Paris contre le projet de loi.
Ils sont bien décidés "à ne rien lâcher". Plusieurs dizaines de milliers de manifestants contre le mariage homosexuel, 45 000 selon la police et 270 000 selon le collectif "La manif pour tous", se sont rassemblés ce dimanche après-midi dans la capitale, deux jours avant le vote solennel du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe.
itAux cris de "Hollande, ta loi, on n'en veut pas !", ou encore "On lâche rien !", le cortège a battu le pavé et quitté la place Denfert-Rochereau pour se diriger vers les Invalides.
"Débordés"
"Manifestement, nous sommes un peu débordés par l'affluence, alors que nous avons organisé cela en quatre jours et il y a même des gens de régions", a déclaré dès 14h, en tête du cortège, Frigide Barjot, égérie du mouvement contre le mariage homosexuel, qui avait peint sur une de ses joues une femme rose et, sur l'autre joue, un homme bleu.
Pour assuer la sécurité du défilé et éviter tout débordement, des agents de sécurité de La Manif pour Tous, étaient présents. Ils portaient eux des tee-shirts rouges et des oreillettes, et étaient visibles dans la foule et sur les côtés du cortège.
Après avoir maintenu la pression toute la semaine en se rassemblant quotidiennement près de l'Assemblée nationale, où des échauffourées ont éclaté à plusieurs reprises, les opposants au projet de loi comptent sur une nouvelle grande mobilisation pour réaffirmer leur "détermination".
À deux kilomètres des troupes anti-mariage, un rassemblement des partisans de la loi, "pour l'égalité, contre l'homophobie", est organisé place de la Bastille. Sur l'emblématique place parisienne, interdite à la circulation, les pancartes ont défendu les "lesbiennes, gay, bi, trans". Une photo de l'ancienne ministre Christine Boutin, opposante virulente au projet de loi, est présentée comme "un des visages de la haine".
"On va pas lâcher"
Pour les anti-mariage gay, le parcours de ce dimanche 21 avril a suivi le même tracé que la manifestation du 17 novembre, la première grande manifestation contre le texte, prélude à six mois de mobilisation tous azimuts des opposants, jusqu'à la radicalisation de certains groupes ces dernières semaines.
La Manif pour tous, a surtout tenu à dénoncer le "passage en force" du projet de loi en 2e lecture à l'Assemblée.
Ce dimanche, un dispositif renforcé est prévu pour éviter les violences qui ont émaillé la précédente mobilisation, le 24 mars et les heurts de ces derniers jours. À la demande de Manuel Valls, les organisateurs du rassemblement ont été priés de surveiller "les discours de haine". Le ministre de l’Intérieur a également appelé chacun à "prendre ses responsabilités".
Pour ne pas ternir l'image d'un mouvement qui se veut "pacifiste" et "familial", les organisateurs de la manifestation ont mis en place un système de sécurité qui prévoit notamment d’exclure du cortège les opposants les plus radicaux, à l'image du "Printemps français".
UMP et FN côte à côte
Mais cette prudence n’a pas empêché la polémique de s’immiscer dans le cortège. La présence du député FN Gilbert Collard derrière la banderole d'élus, notamment de l'UMP, a fait réagir sur twitter deux députés PS et UDI dénonçant des accointances entre la droite et l'extrême droite.
"Quand l'alliance UMP et FN se fait dans la rue lors de la #manifpourtous... #collard avec les UMP", a écrit le député PS du Cher, Yann Galut, sur le site de micro-blogging.
Du côté de l’UMP, le président du parti, Jean-François Copé, avait invité les membres de son parti à "participer en masse" à la manifestation. "Afin de montrer à ce gouvernement et à sa majorité que nous mènerons le combat jusqu'au bout", a assuré le maire de Meaux, qui ne participera toutefois pas lui-même à la manifestation.
Les opposants veulent croire à une censure du Conseil constitutionnel
Les opposants veulent croire que le gouvernement peut encore reculer et renoncer à appliquer la loi, comme ce fut le cas pour le Contrat première embauche (CPE) en 2006. Ils mettent également leurs espoirs dans une éventuelle censure du Conseil constitutionnel.
Mardi après-midi, le texte autorisant le mariage homosexuel sera définitivement et solennellement adopté par l'Assemblée nationale, qui a clos ses débats vendredi à l'aube, dans une ambiance électrique. Outre la manifestation nationale du 26 mai, la Manif pour tous appelle à une autre mobilisation le 5 mai.
Avec dépêches