logo

Attentats de Boston : ce que l'on sait des deux suspects, les frères Tsarnaev

Les autorités et médias américains ont commencé à dévoiler des éléments sur les identités des deux suspects, Dzhokhar et Tamerlan Tsarnaev, d'origine russe, soupçonnés d'être les auteurs des attentats de Boston.

Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, deux frères d'origine tchétchène de 26 et 19 ans, suspectés d'être les auteurs du double attentat de Boston lundi, vivaient depuis une dizaine d'années aux États-Unis, mais affichaient leur attachement à leurs racines.

Leur traque, qui a tenu en haleine l'Amérique pendant quatre jours, a pris fin vendredi soir avec l'arrestation de Djokhar, grièvement blessé. La nuit précédente, son aîné avait été abattu dans un échange de coups de feu avec les forces de l'ordre.

Un problème d'intégration, selon l'oncle des suspects

Pour Ruslan Tsarni, l'oncle des suspects, les deux jeunes étaient des "losers" et ne sont jamais parvenus à s'intégrer aux États-Unis où ils avaient pourtant obtenu l'asile après leur arrivée en 2003 depuis le Kirghizstan. Djokhar avait obtenu la nationalité américaine en 2012.

Interrogé sur ce qui avait pu les pousser vers le terrorisme, l'oncle a répondu sans hésitation : "La haine envers ceux qui ont été capables de s'intégrer". "C'est tout ce que je peux imaginer. Rien d'autre. Que cela ait à voir avec la religion, avec l'islam, c'est une imposture, c'est du toc".

Les interrogations que suscite encore la personnalité des deux frères sont pourtant loin d'être toutes éclaircies, puisque leur père les a au contraire décrits depuis le Daguestan comme des "musulmans fervents".

"Mon fils Dzhokhar est un ange"

Selon l'agence de presse russe Interfax, la famille Tsarnaev vient de Tchétchénie, petite république du Caucase russe à majorité musulmane et en proie à un violent conflit avec la Russie depuis les années 1990. Elle aurait ensuite déménagé au Kazakhstan avant de venir s'installer aux États-Unis, en 2002. Les deux frères n’avaient d’ailleurs plus aucun contact avec la région de leur enfance depuis plusieurs années, a précisé de son côté Interfax.

Le père des deux garçons, Anzor Tsarnaev, interrogé par l’agence américaine AP, brosse un portrait plaisant de son fils cadet : "Mon fils Dzhokhar est un ange. Il est étudiant en deuxième année de médecine. Il est tellement intelligent, j’espère qu’il viendra passer ses vacances ici [en Tchétchénie]", a-t-il déclaré. 

Anzor Tsarnaev estime que ses deux fils ont été victimes d'une machination : "A mon avis, les services spéciaux ont piégé mes enfants car ce sont des musulmans fervents", a-t-il ajouté, s'exprimant depuis la capitale du Daghestan, Makhatchkala.

C’est pourtant une toute autre image que met en lumière la page personnelle de Dzhokhar Tsarnaev sur le réseau social Vkontakt (VK), l’équivalent de Facebook en Russie. S’il y confie des éléments anodins - il écrit être musulman, célibataire et né le 22 juillet - Dzhokhar a également précisé qu’il courait avant tout après une "carrière et de l’argent". Le suspect, qui affirme parler l'anglais, le russe et le tchétchène, a surtout posté deux vidéos provenant de sites islamistes : sur la première, on peut y voir un imam salafiste discuter avec un jeune musulman aveugle, en proie à des hallucinations prophétiques. La seconde vidéo est un appel au djihad en Syrie. Les deux enregistrements sont en arabe et sous-titrés en russe.

Dzhokhar manie aussi l'humour et l'autodérision. Sur sa page VK, on y lit également une blague : "Un Tchétchène, un Daghestani et un Ingouche sont dans une voiture. Qui conduit ?" Réponse : "La police".

Tamerlan Tsarnaev, son grand frère, n’était pas non plus totalement inconnu de la sphère Internet. Il semble avoir été le sujet d'un essai photographique intitulé "Je boxe pour un passeport", du photographe Johannes Hirn, qui fournit de très nombreux éléments de sa personnalité. On y apprend notamment que Tamerlan était "très croyant", qu’il ne buvait pas et ne fumait pas et qu’il avait une petite amie, convertie à l’islam. "Elle est vraiment belle, mec !", aurait-il précisé au photographe. L’AFP a toutefois affirmé qu’un document de police disponible publiquement indique que les forces de l’ordre ont dû intervenir en 2009 pour violences conjugales contre sa compagne.

Selon le New York Times, il aurait posté sur YouTube des clips musicaux de ses groupes russes préférés dont l’un s’intitule : "Comment j’ai accepté l’islam et comment je suis devenu chiite".

Avec dépêches