Alors qu'il doit s'exprimer à la télévision mercredi, jour de la fête nationale, le président syrien Bachar al-Assad a annoncé mardi une amnistie et des réductions de peines pour certains crimes hormis ceux qualifiés de "terroristes".
Le président syrien Bachar al-Assad a annoncé mardi une amnistie partielle avant une intervention télévisée prévue mercredi au moment où aucune solution au conflit n'est en vue tant sont grandes les divergences entre les Occidentaux et la Russie.
Dans le centre de Damas, plusieurs passants ont été blessés par l'explosion d'une voiture piégée, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) tandis que l'agence officielle Sana a fait état uniquement de dégâts matériels.
Des bombardement ont également touché l'est de la capitale et des raids aériens ont frappé Zamalka, une localité toute proche, selon l'OSDH, une ONG basée en Grande-Bretagne qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales sur le terrain.
A la veille de l'anniversaire de l'indépendance de la Syrie, le 17 avril 1946, le chef de l'Etat a décrété une amnistie pour certains crimes et des réductions de peine, a annoncé Sana.
"A la peine de mort sera substituée les travaux forcés à perpétuité pour les crimes de sang (n'ayant pas un caractère terroriste), mais ceux qui ont financé des groupes terroristes ou commis des actes terroristes ayant entraîné mort et destruction, ne sont pas graciés" et risquent la peine capitale.
En revanche, "ceux qui ont comploté pour mener un acte terroriste sans toutefois l'accomplir voient leur peine réduite d'un quart", précise le décret.
Ne sont pas graciés "les trafiquants d'armes et de drogue mais ceux qui se sont livrés à la contrebande d'autres produits le sont à condition de payer des amendes aux douanes", stipule le texte.
"Les déserteurs de l'armée (...) peuvent bénéficier d'une grâce totale s'ils se rendent aux autorités", mais ceux qui ont volé des armes ne bénéficient d'aucune indulgence.
Peuvent aussi bénéficier de cette mesure les civils possédant des armes à condition qu'ils les rendent dans un délai de 30 jours.
Le régime considère comme "terroristes" les opposants et rebelles syriens combattant le pouvoir de Damas.
Selon le ministre syrien de la Justice Najem al-Ahmad, cette amnistie vise à "renforcer la réconciliation sociale (...) à l'occasion de la fête nationale".
Selon la télévision, ce décret devrait conduire à la libération de 7.000 détenus, mais l'OSDH s'est montré sceptique, tout comme Paris et Washington.
"Cela ne conduira pas à la libération des dizaines de milliers de prisonniers", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
Cette amnistie "ne l'exonère pas" de faire cesser les violences, a indiqué la France qui craint une nouvelle "manoeuvre dilatoire" du régime, tandis que Washington soulignait que malgré plusieurs amnisties passées, "des dizaines de milliers de prisonnier politiques sont toujours dans les geôles syriennes".
Après cette annonce d'amnistie, M. Assad restera mercredi sur le devant de la scène avec la diffusion d'un entretien avec al-Ikhbariya, une chaîne syrienne d'information en continu.
Lors de sa dernière apparition télévisée début avril, il avait averti qu'une chute de son régime déstabiliserait cette région "pendant de longues années".
Par ailleurs, l'opposition syrienne a demandé au gouvernement libanais de contrôler les frontières du pays afin d'éviter que le mouvement chiite du Hezbollah, proche de Damas, ne tire sur des localités rebelles en Syrie.
De son côté, le Liban va demander une réunion urgente du Conseil de sécurité pour réclamer une aide afin de faire face à l'afflux des réfugiés syriens sur son territoire. Selon l'ONU, 400.000 réfugiés se trouvent dans ce pays.
La Belgique et la Turquie ont mené des opérations contre des filières de recrutement de combattants pour la rébellion.
Six personnes ont été interpellées mardi dans les milieux islamistes en Belgique, alors que les cas de jeunes Belges rejoignant les rebelles se multiplient.
La police turque a elle arrêté dix personnes soupçonnées d'être liées au réseau Al-Qaïda et de recruter, entraîner et armer des combattants hostiles au régime, selon la presse turque.
AFP