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Le suicide d’une adolescente violée et cyber-harcelée émeut le Canada

Violée par quatre adolescents puis harcelée sur le Web, une Canadienne de 17 ans, Rehtaeh Parsons, s’est suicidée. Sa mort a créé une onde de choc dans le pays, incitant la police à rouvrir une enquête pour viol.

Elle sourit timidement devant l’objectif. Depuis une semaine, la photo de cette jolie jeune fille rousse aux cheveux ondulés a envahi tous les écrans du Canada. Il s’agit de Rehtaeh Parsons, une adolescente de 17 ans, morte le 7 avril des suites de ses blessures dues à sa tentative de suicide, trois jours plus tôt. C’est en 2011 que sa vie a viré au cauchemar. Lors d’une soirée, l’adolescente, en état d’ébriété, est victime d’un viol collectif. L’un des quatre agresseurs présumés prend alors une photo qu’il publie ensuite sur les réseaux sociaux. S’ensuivent la cyber-intimidation, un harcèlement quotidien et des camarades qui la traitent de "pute".

Rapidement, Rehtaeh Parsons se confie à sa mère. L'enquête policière, qui a duré près d'un an, n'a pas permis de réunir des preuves suffisantes pour inculper les responsables : il n'y avait que sa parole contre celles de ses agresseurs, a confirmé un porte-parole de la police après la mort de la jeune fille. Selon sa famille, on lui a déclaré que la prise d'images de ce que Rehtaeh avait subi n'était pas en soi un délit. La police canadienne a finalement accepté de rouvrir l'enquête vendredi 12 avril après avoir reçu de "nouveaux renseignements crédibles" après la mort de l'adolescente.

"On ne la laissait jamais tranquille", a dit sa mère, Leah Parsons, citée par la chaîne publique CBC. "Ses amis étaient contre elle, des garçons inconnus lui envoyaient des textos et des messages sur Facebook pour lui demander de coucher avec eux puisqu'elle l'avait fait avec leurs copains. Cela ne s'arrêtait jamais", a ajouté la mère de la jeune fille. Pour tenter d’aider leur fille, la famille quitte Cole Harbour pour s’installer non loin de là, à Halifax, mais l’histoire poursuit Rehtaeh et le calvaire de la jeune fille se poursuit.

Émoi national

Aidée par un psychotérapeute, l’adolescente allait mieux selon sa mère citée par le site d’information canadien CBC news, mais la semaine dernière elle aurait rechuté. Après s’être enfermée dans la salle de bain, elle tente de mettre fin à ses jours en se pendant. Elle est morte des suites de ses blessures trois jours plus tard.

Sa mère a créé une page Facebook pour raconter le drame de sa fille. Depuis, tout le pays est en émoi, et nombreux sont ceux qui ont pris fait et cause pour l’adolescente décédée. Une pétition demandant que la décision de clore l'enquête sur le viol présumé soit examinée à nouveau avait recueilli plus de 60 000 signatures en ligne jeudi matin.

La réaction du public a pris ces derniers jours un tour inattendu, incitant la mère de Rehtaeh à appeler publiquement ceux qui menacent de s'en prendre aux garçons responsables du calvaire de sa fille à les laisser tranquilles. "Je veux que la justice poursuive les garçons qui ont posté les photos. Je ne veux pas que quelqu'un d'autre les poursuive", a-t-elle déclaré, selon CBC.

De son côté, le ministre provincial de la Justice de la Nouvelle-Ecosse, Ross Landry, après avoir rencontré la mère, a indiqué qu'il envisageait de prendre l'initiative de nouvelles lois pour tenir compte de l'évolution des technologies de diffusion d'images.

L'affaire n’est pas sans rappeler aux Canadiens le suicide très médiatisé d'Amanda Todd, survenu en octobre dernier dans l'ouest du pays, à l'âge de 15 ans. Un prédateur l'avait incitée à lui montrer sa poitrine via une webcam, puis, ne pouvant obtenir davantage, avait affiché sa photo sur Internet. Cible elle aussi de messages d'intimidation sur Facebook, venant apparemment de ses camarades d'école, c'est sur Internet qu'elle avait lancé son dernier cri de détresse, en affichant une série de cartons décrivant en quelques mots son calvaire. Sa mère, Carol Todd, a envoyé un message de soutien à la mère de Rehtaeh Parsons. 

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