Rendu célèbre par ses films chantés, Jacques Demy fait l'objet d'une exposition dense à la Cinémathèque française, à Paris. L'occasion de replonger dans l'univers mêlant merveilleux et réalisme du cinéaste français.
Catherine Deneuve, des couleurs criardes, une femme au parapluie... L'affiche de l'exposition "Le monde en-chanté de Jacques Demy" ne pouvait mieux résumer l'œuvre du cinéaste français auquel la Cinémathèque de Paris rend hommage à partir de ce mercredi 10 avril et jusqu’au 4 août.
Déployée sur 700 m2 divisés en six parties chronologiques, cette exposition propose de redécouvrir les 18 films du réalisateur et invite le public à entrer dans "sa galaxie artistique", explique à l'AFP Matthieu Orléan, commissaire de l'exposition.
Une galaxie où se côtoient nombre de peintures, photos et dessins inédits du cinéaste ainsi que des clichés de sa compagne Agnès Varda et d'œuvres réalisées par ses plus proches collaborateurs, dont celles de Michel Legrand, "son frère de cinéma" et compositeur de la grande majorité de ses films.
"Le monde en-chanté de Jacques Demy" invite ainsi le public à s'immerger dans un univers hybride, mêlant merveilleux et réalisme, joie et mélancolie, fait de chassés-croisés amoureux et chorégraphiques. "Ce monde n'est pas aussi acidulé qu'il y paraît, il donne un sens à l'esthétique, traite de la passion, de l'amour, de la guerre avec une fausse légèreté, qui est une forme de pudeur car c'était quelqu'un de très pudique", commente à l'AFP Rosalie Varda, fille d'Agnès Varda et fille adoptive de Jacques Demy.
Rêveur solitaire
La scénographie choisie par la Cinémathèque met en scène l'itinéraire artistique d'un cinéaste happé par la Nouvelle Vague, audacieux rêveur solitaire, "amoureux" des actrices mais révélé par une femme photographe et artiste, Agnès Varda, réalisatrice, qu'il rencontra en 1958 à Tours et épousa.
Après Nantes, sa ville natale, où Jacques Demy conçut ses premiers films d'animation, le visiteur pénètre ainsi dans la mélodie noire et blanche de "Lola" (1960), avec Anouk Aimée, et de "La Baie des Anges" (1962) avec Jeanne Moreau.
Le visiteur arrive ensuite de plain-pied dans les décors des films chantés, "acmé" de sa carrière, selon les termes de Matthieu Orléan : "Les Demoiselles de Rochefort", West Side Story à la française avec Catherine Deneuve, sa sœur, Françoise Dorléac, Gene Kelly et George Chakiris, et "Les Parapluies de Cherbourg", opéra populaire sur les désillusions de l'amour, pour lequel il obtint la palme d'or à Cannes, en 1964.
Après la "période américaine", riche en rencontres, un vaste espace est consacré au conte : "Peau d'âne", vrai succès populaire avec, une fois de plus, Catherine Deneuve, "Le Joueur de flûte", "Lady Oscar"...
Le parcours s'achève sur une période plus sombre, autour de films où la mort rôde ("Une chambre en ville", "Parking", "Trois places pour le 26") et sur la cinémathèque personnelle du réalisateur et ses héritiers qui, à l'instar de ses enfants Rosalie Varda et Mathieu Demy, ont largement contribué à l'élaboration de cette exposition.