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Le Parti socialiste exclut Jérôme Cahuzac

L'ancien ministre du Budget a été exclu, mardi, du Parti socialiste. Une décision qui intervient alors que doivent être présentées mercredi les grandes lignes du projet de loi de moralisation de la vie politique, qui suscite déjà les critiques.

C'est à l'issue d'une réunion de son Bureau national que le Parti socialiste (PS) a prononcé, mardi 9 avril, l'exclusion de l'ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, de ses rangs. Cette décision a été prise à l'unanimité.

"Au regard de ses actes inacceptables pour un élu de la République et un membre du gouvernement, la détention de compte dissimulé à l'étranger pour frauder le fisc et de ses mensonges au président de la République, à la représentation nationale et aux Français, Jérôme Cahuzac a porté gravement préjudice au Parti socialiste et à ses principes", a justifié le PS dans un communiqué.

Jérôme Cahuzac a été contraint de démissionner de son poste de ministre du Budget le 19 mars dernier en raison de l'ouverture d'une enquête préliminaire à son encontre. Le 2 avril, il a avoué, après plusieurs mois de déni, avoir détenu un compte bancaire non déclaré à l'étranger et a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.

Une "dérive clanique" du PS

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Affaire Cahuzac : L'indignation des militants socialistes
Le Parti socialiste exclut Jérôme Cahuzac

L'affaire Cahuzac a, depuis, ébranlé en profondeur le gouvernement mais aussi les militants socialistes ainsi que la direction du parti. Sur son blog, le sénateur socialiste Gaëtan Gorce a, par exemple, accusé mardi le PS de "dérive clanique". "DSK, pas plus que Cahuzac, ne sont des accidents, écrit-il. Leur attitude, et plus encore le sentiment d'impunité qui, manifestement, les habitait, sont la conséquence d'un processus d'oligarchisation de l'appareil dirigeant du parti."

Cette exclusion de Jérôme Cahuzac du Parti socialiste intervient alors que les grandes lignes du projet de loi de moralisation de la vie politique, voulu par le président François Hollande, doivent être présentées ce mercredi. Ce texte devrait prévoir la publication du patrimoine des parlementaires et des ministres. Il viserait aussi à mettre fin aux conflits d'intérêts, c'est-à-dire au cumul de certaines activités professionnelles, comme celle d'avocat d'affaires, avec l'exercice d'un mandat de parlementaire.

Critiques à gauche comme à droite

Mais avant même sa présentation, le projet cristallise les critiques de ceux qui redoutent que cette opération transparence ne vire au grand déballage, sans être vraiment efficace.

Le patron de l'UMP, Jean-François Copé, a ainsi fait savoir qu'il n'entendait pas publier son patrimoine avant que la loi ne l'y oblige, mettant en garde contre le "voyeurisme" et l'"hypocrisie". Le député Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, envisage lui de quitter la vie politique si la loi est adoptée, jugeant ne pas être là "pour se déshabiller" en public.

À gauche aussi, certaines voix se sont élevées contre ce projet. La ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a concédé que "l'épluchage des patrimoines" l'avait toujours "gênée" par rapport à sa famille. Pour André Chassaigne, président des députés du Front de gauche, la publication des déclarations de patrimoine aurait "un côté un peu malsain", risquant de "livrer à la vindicte populaire des élus qui, sans être fortunés, ont parfois des biens de famille".

Avec dépêches