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Fillon estime qu'une loi n'est pas nécessaire pour moraliser la vie politique

Suite à la crise de confiance provoquée par l’affaire Cahuzac, plusieurs élus ont décidé de rendre public leur patrimoine. L’ancien Premier ministre François Fillon s’est prêté à l’exercice et a estimé qu’une loi n'était pas nécessaire.

Face au scandale déclenché par l'aveu de fraude fiscale de l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, le gouvernement a annoncé qu'il préparait "des mesures sévères pour garantir la transparence, le respect de la loi et la probité". Un projet de loi défendu par le ministre des Relations avec le Parlement Alain Vidalies doit être présenté le 24 avril en Conseil des ministres. Le but : "moraliser" la vie politique. Le Premier ministre a ainsi annoncé la publication des déclarations de patrimoine de l'ensemble des ministres d'ici au 15 avril. Pour le chef du gouvernement, cet exercice de transparence est "de nature à recréer de la confiance". Prenant les devants, la ministre Marie-Arlette Carlotti a publié dès lundi sa déclaration de patrimoine sur son blog. Les deux ministres écologistes du gouvernement, Pascal Canfin et Cécile Duflot, l'ont imitée en fin d'après-midi, tout comme plusieurs députés de tous bords, "dans un souci de transparence".

Dans une déclaration publiée sur son blog, la ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, Marie-Arlette Carlotti a estimé que "la faute grave commise par un ancien membre du gouvernement ne peut pas et ne doit pas jeter le doute sur l'ensemble des femmes et des hommes politiques". Elle possède deux appartements, un à Marseille et un en Haute-Corse, et une maison dans l'Hérault, d'une valeur totale de 565 000 euros. Elle détient également des actions (quelque 2 500 euros), une assurance-vie de près de 40 000 euros, cinq comptes courants ou d'épargne de près de 23 000 euros au total.

Les deux ministre du gouvernement issus d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Cécile Duflot et Pascal Canfin, n’ont pas tardé à en faire de même, suivis par plusieurs cadres et dirigeants du parti. La ministre du Logement a ainsi rendu publique sa déclaration de juin 2012 dans laquelle elle disait détenir un peu plus de 100 000 euros sur divers comptes ou livrets, moins de 10 000 euros de meubles, environ 2 000 euros de bijoux et une voiture Twingo de 1 500 euros. Elle y faisait aussi état de mensualités de près de 700 euros par mois pour rembourser l'achat d'un bien immobilier évalué à 168 000 euros et dont elle possède 70%.

Parmi les députés socialistes, Christophe Castaner a été l'un des premiers à ouvrir le bal."Personne ne doit pouvoir croire que l'on s'enrichit en étant élu. Parce que nous devons être exemplaires, j'ai fait le choix d'assumer cette transparence", écrit ainsi cet élu des Alpes-de-Haute-Provence sur son blog qui détaille, par le menu, le montant de son IRFM (indemnité de représentation de frais de mandat) attribuée mensuellement à chaque député, ainsi que de son patrimoine. De même, Vincent Feltesse, député PS de Gironde et président de la communauté urbaine de Bordeaux, a décidé de "rendre des comptes" sur ses indemnités et son patrimoine, tout au long de la semaine, sur sa page Facebook.

"Je récuse l’expression de moralisation de la vie politique"

Invité lundi soir du 20 heures de France 2, l’ancien Premier ministre François Fillon a révélé dans les grandes lignes son patrimoine mais récusé dans le même temps l'intention du gouvernement de présenter un projet de loi sur la moralisation de la vie politique. Il a ainsi dit être propriétaire d'une maison dans la Sarthe, achetée 440 000 euros il y a 20 ans et dont il évalue aujourd'hui la valeur à 650 000 euros, et a ajouté posséder moins de 100 000 euros d'épargne et deux voitures de plus de 10 ans.

"Je regarderai ce qu'il y a dans ce projet de loi. Mais a priori, je considère qu'il n'y a pas besoin de projet de loi", a affirmé l’ancien chef de gouvernement. "Je récuse l'expression de moralisation de la vie politique, je récuse l'idée que les hommes politiques soient tous corrompus, comme on essaie en ce moment de le faire croire. Et je dis à François Hollande que l'attitude qu'il a choisie n'est pas une attitude de chef. Ce n'est pas une attitude de président de la République", a-t-il poursuivi. Selon François Fillon, le président "est responsable d'avoir choisi un ministre du Budget qui s'est révélé être un fraudeur et qui en plus a menti aux Français. Vouloir aujourd'hui jeter le discrédit sur l'ensemble des responsables politiques, au fond pour diluer ses propres responsabilités, c'est une attitude qui est une attitude qui est faible".

À droite également, l'ancien ministre UMP Laurent Wauquiez a estimé dans un entretien au Journal du dimanche que l’affaire Cahuzac nécessitait "une opération mains propres". Il a ainsi rendu public dans les colonnes de l’hebdomadaire l'état de son patrimoine. Le député de Haute-Loire déclare ainsi deux logements qu'il possède à 50 %: un appartement de 90 m² dans le XVe arrondissement à Paris, acquis pour 411 600 euros en 2002, et une maison de 200 m² au Puy-en-Velay, acquise pour 275 000 euros en 2008. Il détient également un PEA de 120 euros, 500 euros d'assurance-vie, et 577 euros sur un CEL. Quant à son compte courant au Crédit agricole de Haute-Loire, il présente un solde positif de 2 500 euros. Le couple Wauquiez possède par ailleurs deux Peugeot.

Autre ancien ministre, l’UMP Bruno Le Maire a également publié sa déclaration de patrimoine sur son blog. Pour sa part, Jean-François Copé, président de l'UMP, en fera de même, dès que la loi promise par l'exécutif sera promulguée. "Je m'y conformerai", a-t-il affirmé à l'AFP. Selon son entourage, Copé y met toutefois une condition: que cette loi prévoie "les moyens de vérification de ce qui est déclaré. Sinon, c'est de la communication".