logo

Affaire Cahuzac : le séisme politique inonde la presse

Les aveux de Jérôme Cahuzac, qui a reconnu mardi posséder un compte bancaire à l'étranger, et sa mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale, sont à la une de tous les quotidiens français, ce mercredi. Revue de presse.

"Mensonge", "trahison" : la presse revient largement et sans ménagement sur l’affaire Cahuzac, ce mercredi 3 avril, au lendemain des aveux et de la mise en examen de l’ancien ministre du Budget. Comme à son habitude, Libération frappe fort avec le mot "Indigne" à la une. L’affaire a"de quoi provoquer une crise politique", selon le quotidien de gauche. "C'est une ignominie. Avec ses dissimulations, ses mensonges, Jérôme Cahuzac a fait bien plus que salir son honneur. […] Il a jeté l'opprobre sur son action, discrédité la parole politique et soulevé des doutes quant à l'autorité du chef de l'État", déplore l’éditorialiste Éric Decouty.

Pour sa une, Le Figaro a simplement fait le choix de citer mot pour mot Jérôme Cahuzac : "Je demdande pardon... à Monsieur le Président de la République, au Premier ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, du dommage que je leur ai causé. À mes collègues parlementaires, à mes électeurs, aux Françaises et aux Français, j'exprime mes sincères et plus profonds regrets. Je pense aussi à mes collaborateurs, à mes amis et à ma famille, que j'ai tant déçus". En revanche, l’éditorialiste politique du quotidien de droite, Paul-Henri du Limbert, a recours à un ton plus dramatique, estimant qu’"à l'heure où la France s'enfonce chaque jour un peu plus dans la crise, rien n'est plus grave que l'atmosphère de suspicion généralisée que provoquera inévitablement l'affaire Cahuzac".

Mensonge et trahison

Dans le reste de la presse nationale et régionale, le ton est sensiblement le même. Les Echos, Le Parisien-Aujourd’hui en France et 20 minutes parlent de "Mensonge". Tandis que le premier considère que, "sommé de s'expliquer sur ce qu'il savait réellement, l'exécutif est ébranlé", le second voit dans cette affaire "un aveu embarrassant pour le président, qui avait promis 'une République exemplaire'".

Pour L'Humanité, "Cahuzac chute de son paradis fiscal" et pour Metro, il s'agit là d'une "Trahison", terme employé par le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, en réaction à ce tremblement de terre politique.

Dans le quotidien régional La Charente Libre, l’éditorialiste Dominique Garraud va encore plus loin en fustigeant l’ensemble de la classe politique, écrivant que cette affaire est "symptomatique de dérives individuelles nourries par un sentiment insupportable d'impunité".

Lance Armstrong et DSK

Certains titres tentent, pour leur part, des comparatifs quelques peu inattendus. Avec le cycliste, Lance Armstrong, d’abord. "Dans la stratégie du mensonge éhonté devant micros et caméras, on ne voit guère que Lance Armstrong pour rivaliser avec Jérôme Cahuzac !", ose Hervé Favre dans La Voix du Nord.

Avec Dominique Strauss-Kahn, ensuite. Jean-Michel Servant, du Midi Libre, rapproche les affaires DSK et l'affaire Cahuzac qui incarnent, selon lui, "deux mensonges, deux hommes rattrapés par la justice, deux gâchis énormes et une classe politique sonnée, humiliée, trahie".

Parmi les rares indulgents, Hervé Chabaud, dans L'Union-L'Ardennais, considère que "la confession de l'ex-ministre n'est pas simplement celle du pauvre pécheur. Elle survient au terme d'un déni de réalité devenu si lourd à porter que, se libérer du fardeau, est comme un accomplissement". Ainsi, ces aveux devraient permettre à "l'homme de se regarder à nouveau et en conscience devant sa glace." Pour résumer, l’éditorialiste affirme que dans "cette épreuve", l’ex-ministre a gagné son "combat intérieur".

Avec dépêches