
Lors d'un congrès fondateur organisé vendredi, le président du Conseil italien a officiellement lancé le Peuple de la liberté. Un parti né de l'union entre Forza Italia et Alliance nationale, formation conservatrice, héritière du fascisme.
AFP - Le congrès fondateur du parti du Peuple de la liberté (PDL), qui va permettre à Silvio Berlusconi de renforcer sa mainmise sur la droite italienne, s'est ouvert vendredi pour trois jours de grand show politique.
"Un grand rêve se confirme: la naissance officielle du Peuple de la Liberté", a déclaré en début de soirée le chef du gouvernement devant les participants au congrès, dans un discours fleuve.
Une véritable "scène de rock-star" - selon la définition du quotidien La Repubblica - a été aménagée pour l'intervention du Cavaliere qui a donné le coup d'envoi du congrès célébrant les noces officielles de son mouvement Forza Italia (FI) avec Alliance Nationale (AN, droite conservatrice).
Le nouveau parti est crédité de 42% des intentions de vote, selon un sondage de l'Institut Euromedia research publié jeudi.
"Nous devons viser 51%, et nous savons comment y arriver", a lancé Silvio Berlusconi, évoquant une "révolution libérale, bourgeoise et populaire".
Ce congrès s'ouvre 15 ans exactement après la première victoire de la droite dirigée par Berlusconi à des législatives, quelques mois après l'entrée fracassante sur la scène politique de cet homme d'affaires richissime.
Mis en orbite à deux mois des élections européennes de juin, le PDL doit donner à la droite les moyens d'une nouvelle victoire contre une gauche en pleine déconfiture.
"L'empreinte de Berlusconi sur sa créature est totale. Le sort de la droite continuera à dépendre de son charisme et de son leadership", estimait vendredi matin dans un éditorial le quotidien des milieux économiques Il Sole 24 Ore.
Si les résultats électoraux du PDL ne suivent pas, "il n'est cependant pas acquis que le nouveau parti puisse survivre au déclin de son leader", âgé de 72 ans, avertit le quotidien.
Cette critique est unanime dans le camp de l'opposition.
"Il s'agit simplement d'un changement de nom pour Forza Italia qui s'apprête à annexer Alliance Nationale. Cette opération permet à Berlusconi d'élargir son parti et va limiter encore davantage la démocratie interne au sein de la droite", a accusé Felice Belisario, chef des sénateurs de l'Italie des valeurs, le parti de l'ex-magistrat anticorruption Antonio Di Pietro.
Même son de cloche chez Pier Ferdinando Casini, chef des démocrates-chrétiens de l'UDC, et ex-allié de Berlusconi: "Silvio Berlusconi c'est le PDL. C'est un parti qui commence et s'achève avec Silvio Berlusconi".
Silvio Berlusconi avait annoncé en novembre 2007 la naissance de ce nouveau grand parti de la droite, invitant ses anciens alliés à y entrer. Après bien des hésitations, AN, issue du parti post-fasciste MSI, décidait de fusionner avec Forza Italia.
Son leader, Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés, répond aux détracteurs du PDL en assurant que ce dernier sera porteur d'un "projet pour l'Italie dans les 10 ans à venir" et qu'il doit être considéré comme "un instrument de démocratie".
"FI et AN sont alliées depuis 15 ans, avec des hauts et des bas, et elles n'ont aucune divergence de fond", a assuré mercredi M. Fini (57 ans).
Ce dauphin présumé du Cavaliere se démarque cependant de plus en plus souvent de Silvio Berlusconi, sur des sujets comme l'immigration, la laïcité ou la défense du rôle du parlement contre un chef du gouvernement omnipotent.
Près de 6.000 délégués doivent participer au congrès, 3.500 issus de FI, 1.800 de AN et 700 d'autres petits partis ayant rejoint le PDL.