![À Bangui, les médecins craignent "une grande catastrophe humanitaire" À Bangui, les médecins craignent "une grande catastrophe humanitaire"](/data/posts/2022/07/18/1658133035_A-Bangui-les-medecins-craignent-une-grande-catastrophe-humanitaire.jpg)
Plus de trois jours après le coup de force de la Séléka, les blessés continuent d’affluer dans les hôpitaux de la capitale centrafricaine. Mais sans électricité, sans eau et sans médicaments, difficile, pour les médecins, de les soigner. Reportage.
Malgré un retour au calme progressif à Bangui, hôpitaux et administrations restaient très perturbés mercredi, après les violences qui ont secoué la capitale centrafricaine depuis la chute du régime du président François Bozizé, renversé par les rebelles. La ville est toujours privée d'eau potable, et si le courant est revenu dans certains quartiers, il fait cruellement défaut là où les besoins sont énormes, notamment pour la prise en charge des malades. Les journalistes de FRANCE 24 se sont rendus dans le principal hôpital de la ville, où les médecins humanitaires tentent de parer au plus urgent.
Mais malgré l’appel du nouvel homme fort du pays, Michel Djotodia, aux "employés du
secteur public et privé" à reprendre le travail dès le lendemain, nombre de soignants ont déserté les lieux, laissant les malades livrés à eux-mêmes.
Quelque 72 heures après le coup de force, les blessés continuent d’affluer. La plupart ont été victimes de tirs. Mais l’hôpital ne dispose que de six médecins, assistés d'infirmiers, et manquent de presque tout. "Ce patient voudrait se faire nettoyer le visage avec un peu d’eau, mais j’ai dû lui répondre que nous n’avions pas encore d’eau à l’hôpital", explique Éric Gonda, l’un des infirmiers, soulignant l'état d'insalubrité général. Les chambres de l’établissement sont bondées de malades, nombreux sont ceux qui attendent une intervention depuis plusieurs jours.
"Beaucoup de médecins ne sont pas venus"
Le docteur Chris Lepicard Goos, de l’ONG Médecins sans frontière, est inquiet. "Ce combattant est arrivé il y a quatre jours pour se faire extraire une balle du visage, mais nous n’avons toujours pas pu le traiter", raconte-t-il au chevet du malade. "Nos moyens sont assez limités, beaucoup de médecins ne sont pas venus", explique-t-il.
Mais ce n’est pas le seul problème. Le manque de médicaments, et notamment d’analgésiques retarde le travail des médecins.
Ces conditions sanitaires déplorables font craindre le pire aux médecins humanitaires. "Si rien n'est fait de façon urgente dans les jours qui viennent, on sera confronté à un désastre, à une grande catastrophe humanitaire à l'hôpital communautaire de Bangui", prévient le docteur Edmond Djinhiba de Médecins sans frontières.
Pour la seule journée de mardi, l’hôpital a reçu 173 blessés, la plupart par balle, et déplorait cinq morts. Le bilan définitif des violences qui ont suivi le putsch dans la capitale reste à ce jour inconnu.