
Les Nations unies ont diligenté une mission d'experts pour déterminer s'il a été fait usage d'armes chimiques en Syrie. Opposition et gouvernement s'accusent mutuellement d'avoir eu recours à ces armes en mars à Alep et Damas.
Les Nations unies ont nommé mardi 26 mars un scientifique suédois pour diriger l'équipe d'experts chargée d'enquêter sur l'emploi éventuel d'armes chimiques en Syrie et ont décidé que cette équipe ne comprendrait pas de ressortissants des grandes puissances. À la tête de la mission, l’ONU a nommé le suédois Ake Sellstrom, qui avait participé à la chasse aux armes de destruction massive de l'Irak dans les années 1990.
Le gouvernement du président Bachar al-Assad et l'opposition s'accusent mutuellement d'avoir utilisé des armes chimiques lors d'un récent bombardement à Alep, qui a fait 26 morts. Ban Ki-moon a prévenu que l'enquête de l'ONU porterait uniquement sur cet incident et non pas sur d'autres cas présumés évoqués par les rebelles syriens et relayés par la France et la Grande-Bretagne. Il s'agira d'une enquête technique, et non pénale, pour déterminer si des armes chimiques ont été utilisées et non pas qui les a éventuellement tirées, a souligné le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky, sans préciser quand l’équipe commencerait son travail.
Profondes divisions
Selon l'ONU, les recherches "se concentreront dans un premier temps" sur les accusations portées par le gouvernement syrien, qui a été le premier à demander une enquête. La France et le Royaume-Uni ont de leur côté demandé à l'ONU d'étudier toutes les accusations, qu'elles viennent de l'opposition ou de Damas.
Par ailleurs, Ban Ki-moon a indiqué aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine) qu'ils ne seraient pas autorisés à participer à l'enquête, selon des diplomates. Cette décision a été prise en raison des profondes divisions que le conflit syrien suscite entre d'une part les Occidentaux, qui réclament le départ du président Bachar al-Assad, et d'autre part la Russie et la Chine qui protègent le régime syrien.
L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine n'a pas caché l'irritation de Moscou. La Russie était "prête" à participer, a-t-il dit, mais "on nous a dit que le secrétariat préférait que l'équipe ne comprenne aucun membre venu du P5"."Nous ne partageons pas ce genre d'attitude mais l'essentiel est que l'équipe soit aussi impartiale que possible", a-t-il ajouté. "Nous verrons quel genre de groupe ce sera et quels seront les résultats de leur travail".
FRANCE 24 avec dépêches